Bâtir demain avec le pin d’Alep

Extrait de Forêt Privée Varoise, bulletin du Syndicat des Propriétaires Sylviculteurs du Var de juillet 2019

Grâce à la mobilisation et à la persévérance de Denis Revalor, précédent président de l’Union Régionale Fransylva PACA et de Jérome Bonnet, Directeur de l’Union Régionale des Communes Forestières, le pin d’Alep fait désormais partie des essences résineuses qualifiées « bois de structure ».

Le 12 juillet 2019, France Forêt PACA et Fibois Sud ont réunit dans le salon d’honneur du Conseil Régional à Marseille plus d’une centaine de professionnels de la construction bois pour une journée de conférences et d’échanges sur le thème « Bâtir demain avec le pin d’Alep, la nouvelle richesse de nos forêts ».

À cette occasion nous avons diffusé une brochure d’un vingtaine de pages intitulée « Recueil d’utilisations du pin d’Alep dans la construction et le mobilier » qui est en )ligne et téléchargeable sur le site de Fransylva PACA (pour la télécharger : cliquez ici)

Gérard Gautier, président de Fransylva 13 et de France Forêt PACA y a signé l’éditorial qui suit :

« Le pin d’Alep un arbre dont on fait du bois d’œuvre !

En effet, ses utilisations passées et quelques exemples plus récents, que nous (re)découvrons dans cet ouvrage, nous montrent qu’il a toutes les qualités pour être utilisé en charpente et en menuiserie.

C’est avec cette conviction pour l’avenir que nous, membres de France Forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur, avons initié en 2014 une action visant à réhabiliter son usage dans la construction. Le principal résultat de ce travail est l’entrée en 2018 du pin d’Alep dans la norme NF B 52001-1 des bois de structure, une avancée déterminante pour son accès au marché. Le travail mené a aussi permis de recenser toute la connaissance sur ce bois, de sa production à ses utilisations, ainsi que de mobiliser et faire participer les professionnels locaux de la filière bois afin de tracer une voie vers des solutions concrètes.

Désormais, ce sont de nouvelles constructions en pin d’Alep et de nouvelles initiatives de valorisation en bois d’oeuvre dont a besoin la filière pin d’Alep pour se construire et se développer. Gageons que les beaux exemples exposés dans ce recueil susciteront des vocations ! »

L’aval de la filière est prêt

La plupart des acteurs de l’aval de la filière ont découvert les qualités de notre essence emblématique dont les caractéristiques mécaniques démontrées lors des tests en laboratoire se sont révélées meilleures que celles de ses cousins maritimes, sylvestres ou à crochet qui sortent aujourd’hui des scieries ou qui nous arrivent de l’étranger.

Ils se sont tous déclarés prêts à en demander et à en recommander à leurs clients. Comme dans toute bonne économie de marché, quand l’aval est mûr pour tirer la ressource, que cette ressource est déjà disponible (l’IFN estime que plus de 15 % de nos pins sur pied sont suffisamment mâtures pour être sciés), c’est forcément bon signe pour les sylviculteurs.

Les deux bouts de la filière sont donc l’arme au pied. Il n’y a plus qu’à activer les maillons intermédiaires : la récolte et la première transformation.

Il revient désormais à Fibois Sud, de prendre le relais. Le « passage de témoin » a eu lieu de 12 juillet. Rappelons l’objectif que nous avions en tête lorsque, en janvier 2015, nous avions fondé l’interprofession régionale : « Utiliser en région du bois d’œuvre élevé et récolté dans notre région et transformé dans notre région ».

La réussite est en vue. Oui, mais…

L’enjeu est de commencer par constituer un premier stock d’une certaine taille qu’il faut déterminer et le positionner au bon endroit car si demain matin un charpentier a besoin de 40 poutres de 5 mètres de long et de section 20×25 en pin d’Alep, ça fera flop s’il faut chercher sur quelles parcelles il y en a sur pied, vérifier que le PSG en autorise la coupe, trouver un exploitant, signer un contrat de vente à des conditions économiques raisonnables pour du bois d’œuvre, les trier, les abattre et débiter les troncs à la bonne longueur, les débarder, les transporter, les scier, les sécher…

Il faut que ce stock soit au moins prêt à être scié ou peut-être même déjà scié à des dimensions standard.

Constituer un tel stock a un coût (il faut acheter le bois, le payer, rémunérer l’exploitant, le bûcheron, le transporteur…). C’est un investissement en capital.

Qui peut et qui devrait le financer ? C’est sûrement là qu’on a besoin de subventions, d’investisseurs, de capital-risk.

C’est une étape indispensable qui n’a plus rien à voir avec la technique forestière, cœur du savoir-faire des membres de l’amont forestier, membres de France Forêt PACA. Passer la main à Fibois Sud pour animer les acteurs du deuxième collège, les récoltants et les scieurs, est nécessaire mais pas suffisant car il leur faudra évoluer et passer à une vitesse supérieure et les aider à investir. Faute de quoi, s’ils continuent le « business as usual », le bois d’œuvre ne dépassera pas le stade de la palette (à quel prix sur pied ?) ou des petits bouts de petits diamètres aboutés et collés, sans espoir d’avoir un jour des beaux troncs, gros, longs, droits, sans nœuds… permettant de valoriser suffisamment nos bois pour renouer avec la sylviculture nécessaire à la gestion durable de nos forêts.