Une fiche « dégâts des cervidés en forêts » ?

Réflexions en date du 4 mai 2017 de Robert Cancé, conseiller au CRPF PACA

Madame la conseillère élue, titulaire, représentante du département des Hautes-Alpes près le CRPF PACA a demandé de réfléchir sur une fiche de signalement des cervidés et des dégâts associés en forêts.

Les grands animaux peuvent occasionner des dommages importants en milieux forestiers tout comme dans les cultures. Ils sont souvent considérés comme peu importants. Les sangliers peuvent passer comme des laboureurs et donc favoriser l’ensemencement, Les constats de frottis, écorçage, casse et régénérations abrouties ou plantations avortées forment un faisceau d’indices de la présence des cervidés.

Comment faire remonter l’information ? Qui alerter ? Comment se préserver ?

L’idée d’une fiche a déjà été suggérée voilà longtemps, par le CRPF puis par le Syndicat des propriétaires forestiers. Elle n’a jamais eu de suites avec des causes pouvant être multiples : faible intérêt des propriétaires, complexité du travail, difficulté de l’information, etc…

La législation a quelque peu changé puisqu’à l’aune de la Loi d’avenir agricole et forestière c’est la Fédération Départementale des Chasseurs qui est tenue, au travers des plans de chasse, de maintenir un équilibre agro-sylvo-cynégétique. Par ailleurs en cas de dégâts et de défaillance des chasseurs, l’Administration peut organiser des interventions afin de réduire les conséquences engendrées par ces animaux : battues administratives, tirs sélectifs et nocturnes, etc…

En agriculture il est assez facile de se rendre compte des dégâts sur prairies, céréales ou vergers. En forêt hormis les écorçages, frottis et casses bien visibles sur les tiges, les impacts sur les strates inférieures demandent une grande attention. La strate herbacée, la fruticée et les strates arbustives sont parmi les plus impactées et les diversités floristiques et génétiques, l’adaptabilité, mises à mal jusqu’à l’exclusion complète des régénérations sexuées naturelles. C’est pourtant là que se situent les régénérations et que se joue la pérennité des peuplements.

Hormis des spécialistes, il est donc difficile pour un propriétaire « normal » de constater et d’évaluer l’ampleur des dégâts au sein de sa propriété.

Dégâts : c’est probablement la sonnette d’alarme.

Peut-être déjà un surnombre par rapport aux capacités des milieux.

Il faut 20 Kg de matières végétales par jour à un cerf. Les spécialistes donnent un cerf et une biche pour cent hectares en forêts « riches ». D’une façon générale nous sommes plutôt en milieux moyens-pauvres donc réduire de 30 à 50 % ce nombre parait assez réaliste.

Une fiche trop complexe ?

La fiche de signalement de dégâts de gibiers en forêts présentée par le CRPF semble trop complexe à remplir par le propriétaire « urbanisé ». Il faut une simplification maxima, en particulier la nature des dégâts, les espèces forestières et autres pourcentages sont des constats de professionnels.

Essences, jeunes pousses, nécroses et dessèchements ressemblent à du chinois ou de l’hébreu pour un non initié.

Enfin il est peu probable que les observations soient faites avec une fiche et un crayon mais plutôt à l’occasion d’une ballade ou d’une visite impromptue, il est donc capital que la mémoire de l’intéressé soit sollicitée.

L’idée de mettre quelques photos peut permettre au moins de suggérer qu’il y a présence d’animaux et qu’ils occasionnent des dommages.

Tous concernés

La diffusion des fiches de constats auprès des propriétaires est probablement un travail important qui revient à tous les gestionnaires, de même que la collecte des informations : le CRPF certainement, mais le Syndicat des Propriétaires Forestiers, la DDT, la Chambre d’Agriculture, la Fédération des Chasseurs sont tout autant concernés, sans oublier les forêts publiques souvent chassées de façon différentes et détentrices des tranquillités nécessaire à ces animaux. De plus leur apprentissage de la lecture étant encore en phase d’initiation ils ne font pas la différence entre les propriétés, enfin, l’appel du ventre primant sur celui de la réflexion ils recherchent les ressources et le bien être dans l’appétence et la tranquillité.

Un des problèmes ultimes, pouvant être perçu comme intrusif, obstacle probable de la part de certains, est le stockage des informations et leur diffusion.

Robert  Cancé.