Exposé de Gérard Gautier, administrateur de Fransylva et président du syndicat des propriétaires forestiers des Bouches-du-Rhône fait en décembre 2016 dans le cadre des Rencontres Nationales des Énergies Renouvelables
Les régions forestières du département des Bouches-du-Rhône
30% du territoire en espaces forestiers. Si la forêt ne domine pas, elle n’en n’est pas absente, loin s’en faut.
De grands massifs emblématiques
- Les Alpilles
- La Sainte-Victoire
- La Sainte-Baume
- Le Parc National des Calanques
Petit retour en arrière
Avant la dernière guerre, l’agriculture dominait les espaces naturels. La construction de restanques permettait de cultiver les flancs des collines et la forêt avait de multiples usages, quasiment abandonnés depuis plus de 70 ans :
- le charbon de bois et les fascines pour les boulangers
- le bois de feu
- le gemmage pour fabriquer la térébenthine
- la construction des étais pour les mines
- la celluloïde…
Pendant les conflits mondiaux les véhicules marchaient au gazogène.
Tous ces usages ont contribué à ce que les forêts des siècles derniers soient moins importantes qu’aujourd’hui. L’abandon de ces usages avec la déprise agricole a conduit à l’accroissement de la forêt à la fin du XXème siècle.
Conquises par la pression foncière, les meilleures terres agricoles aux abords de nos villages et petites villes ont laissé la place aux lotissements.
Les espaces forestiers, souvent activité complémentaire des fermiers, n’ont plus été gérés.
Nos forêts sont jeunes
On constate un accroissement très important de nos forêts depuis plus de 50 ans, en dépit de grands incendies dévastateurs dans les années 1969 à 1990.
Notre forêt encore jeune nécessite que des travaux sylvicoles soit exécutés, parfois trop tard pour des dépressages, mais il est temps de faire des éclaircies.
Un débouché monopolistique
Pendant la période des « 30 glorieuses » l’industrie pétrochimique a détrôné l’usage du bois.
En 1955 se crée à Tarascon une usine de pâte à papier, la Cellulose du Rhône, devenue par la suite Tembec et aujourd’hui Fibre Excellence.
Seul acheteur de nos bois pendant de longues années, les exploitants forestiers contractualisent directement avec cette industrie. le prix des bois subi les variations du coût de la pâte à papier. Le pris du m3 de bois oscille dans des proportions considérables.
Dans la première décennie du XXIème siècle, l’arrivée du « bois-énergie » va faire bouger les lignes.
Le monopole de l’acheteur unique est désormais brisé
Pour autant, la rémunération des bois n’est guère meilleure, mais les variations de prix sont mieux contenues.
le prix de la plaquette forestière est calculé sur la base d’un prix du bois sur pied équivalent à celui donné par les papetiers. C’est pas très glorieux pour les propriétaires.
Ce n’est pas très incitatif et le « prix de la tranquillité », celui qui décide le propriétaire à passer à l’acte avec le minimum de dérangements, n’est pas atteint.
La question est posée : Comment améliorer la valeur de nos bois ?
Tout d’abord de quel bois parle-t-on ? Du pin d’Alep, ce mal aimé.
Et pourtant, c’est un arbre dont on fait du bois, et pas seulement de la fumée ou de la pâte.
Le prix de mon arbre
Fransylva 13 a mené une étude avec le bureau d’études Alcina en 2013 afin de proposer des scénarios pour que la forêt
- soit économiquement rentable pour permettre un réinvestissement sylvicole,
- soit équilibrée et pérenne.
Le prix de vente du bois étant fixé par le marché, à partir de quel prix est-il intéressant de vendre du bois ?
La réponse conduit à terme à :
- reprendre une sylviculture du pin d’Alep,
- augmenter la qualité du bois pour augmenter la rentabilité,
- promouvoir une filière bois d’œuvre complémentaires aux autres.
Mais il faudra trier…
…prévoir des éclaircies…
…et les réaliser
Gérer les rémanents…
…et les broyer
Ce qui n’est pas désagréable à contempler… et à parccourir
Sans oublier un peu d’innovation : l’arbre entier
En conclusion
Dans notre département des Bouches du Rhône, nous avons une forêt plutôt jeune ,il est grand temps de faire les premières éclaircies….
Le bois énergie est la meilleure solution pour donner cette dynamique à la sylviculture.
Les différents itinéraires technique sylvicoles sont désormais possibles grâce à la demande croissante, ils vont permettre à nos pins d’Alep de devenir de beaux sujets propices à faire du bois d’œuvre de qualité. C’est bien l’objectif de tout forestier.
Le BE est donc une composante majeure de la gestion forestière et de la DFCI.
Le BE va tirer la filière vers le haut dans une démarche gagnant-gagnant.
Si un équilibre économique se dessine , le « prix de la tranquillité » sera atteint et beaucoup de propriétaires passeront à l’acte, favorisant les regroupements et permettant une massification des chantiers.
Gérard Gautier