Préambule
Cette page est issue de la doctrine des syndicats de forestiers de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur provenant des travaux du Syndicat des Propriétaires Forestiers des Bouches-du-Rhône.
En région Méditerranéenne, le feu de forêt est un phénomène ancien et récurrent qui a largement orienté l’évolution et la dynamique de la forêt et des espaces naturels. Qualifiées de “pyrophytes”, certaines plantes comme les Cistes ou les Pins peuvent favoriser les incendies. Plus préoccupants sont les grands feux de forêt qui impactent durablement les paysages et les passages répétés des incendies qui laissent place à des formations non arborées. Avec le changement climatique, le régime des feux sera probablement aggravé.
Halte au feu
Avec 10 à 15000 hectares parcourus chaque année en moyenne dans le Sud-Est de la France, les surfaces détruites sont cependant en nette diminution depuis 20 ans, même si l’année 2003 fut encore dramatique (61000 ha). Habituellement lors d’une saison on enregistre un grand nombre de “petits feux” (moins de 1 ha) et quelques grands incendies (plus de 1000 ha) lorsqu’en quelques jours les conditions météo, déjà très sévères, se dégradent encore (vents forts, périodes sèches…). A eux seuls, ces grands feux peuvent expliquer les bilans d’une saison.
Mais ce n’est pas une raison pour diminuer la prévention, la vigilance (surveillance) et les moyens de lutte (sans oublier la répression des pyromanes criminels mais aussi des imprudents).
Défense des Forêts Contre les Incendies (DFCI)
La DFCI vise principalement à limiter le développement des incendies dans les massifs forestiers. Elle comprend notamment :
- la mise en place d’équipements dans chaque massif sensible pour le cloisonner, en faciliter la surveillance, permettre l’accès et la sécurité des secours et assurer la permanence de l’eau,
- la mise en œuvre d’un dispositif estival de surveillance d’alerte.
Des questions en suspens
Plusieurs documents décrivant de manière précise les ouvrages DFCI ont été réalisés (Syndicat des Bouches-du-Rhône, Service Départemental d’Incendie et de Secours du Var…), mais il reste de nombreuses autres questions concernant les risques d’incendies de forêts :
- l’accent doit-il être mis sur les moyens de défense ?
- la prévention existe-t-elle sur le long terme ?
- le risque incendie est-il bien pris en compte dans les PSG ?
- quelles règles pour les Scot et les PLU (notamment pour les lisières en zones périurbaines) ?
- ou encore…
- calculera-t-on un jour le coût global réel de l’incendie ?
- à moyens identiques, l’investissement dans la gestion durable de la forêt n’est-il pas préférable ?
Les priorités des pompiers
En cas d’incendie de forêt les services de secours sont placés sous l’autorité du Préfet et c’est un officier du SDIS qui coordonne et dirige l’ensemble du dispositif de lutte.
La première priorité vise la protection des personnes, puis celle des biens (habitations), à condition que la sécurité des pompiers ne soit pas mise en danger. C’est notamment important dans le cas des forêts périurbaines et implique le strict respect des Obligations Légales de Débroussaillement (OLD) définies par des arrêtés préfectoraux spécifiques à chaque département.
Forêts périurbaines
L’urbanisation croissante et la déprise agricole ont conduit, notamment dans certains départements de la région (Bouches-du-Rhône par exemple, mais aussi sur les zones littorales) à un rapprochement de plus en plus fréquent entre les habitations et les bois et forêts.
Celles-ci, construites en lisière, ne sont plus désormais protégées par des zones agricoles.
C’est une raison pour laquelle il est primordial que les propriétaires forestiers s’impliquent localement lors de l’établissement ou de la révision des documents d’urbanisme, tant au niveau de leur commune pour les Plans Locaux d’Urbanismes (PLU) que des communautés de communes ou des territoires pour les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) ou encore au niveau de la Région en ce qui concerne le Schéma Régional de Continuité Écologique (SRCE).
Ces documents sont en effet très (et trop) souvent confiés à des bureaux d’études ignorants des contraintes rurales, qu’elle soient agricoles et, a fortiori, forestières, afin de veiller à ce que nos souhaits, nos besoins, nos compétences et notre expérience soient pris en considération (par exemple en ce qui concerne les excès des EBC ou des zonages de la Trame Verte et Bleue).
Les Obligations Légales de Débroussaillement (OLD)
Les OLD (et leur respect) sont de loin les meilleurs garants de la protection des biens et des personnes en cas d’incendie de forêt.
Elles sont adaptées à chaque contexte local et aux risques propres à chaque massif. C’est pourquoi les OLD font l’objet d’arrêtés préfectoraux et de règles spécifiques à chaque département.
Le débroussaillement autour des voies ouvertes à la circulation publique et des grands linéaires est à la charge des propriétaires des linéaires (État, département, commune, concessionnaire autoroutier, SNCF réseau, ERDF… mais aussi des propriétaires privés lorsque leurs voies et chemins privés sont ouverts à la circulation publique). Le débroussaillement le long des voies privées non ouvertes à la circulation publique conduisant à des habitations ou des bâtiments est à la charge des propriétaires de ces installations.
Voir le rapport du sénateur Jean-Pierre Vogel sur la lutte contre les feux de forêts (septembre 2019) en cliquant ici.