Propos recueillis par Pascal Charoy et publiés dans de Forêts de France n°610 (janvier/février 2018). Pour en savoir plus sur Forêts de France et/ou vous abonner : cliquez ici
Ingénieur au CNPF, chargé de mission environnement et chasse, Pierre Beaudesson est aussi propriétaire forestier en Saône-et-Loire. Parti de 30 ha il y a quinze ans, il en compte désormais une centaine grâce à des achats réguliers.
Où est située votre forêt et à quoi ressemble-t-elle ?
Nous sommes situés près d’Autun dans les annexes du Morvan. À l’âge de 30 ans, j’y ai acquis auprès d’un agriculteur 30 ha de forêt paysanne et de pâtures. Il s’agissait de friches, taillis et taillis sous futaie. Depuis, je réalise en moyenne un à deux achats par an, des parcelles de toutes tailles. J’essaie de mettre en valeur l’existant et j’ai planté du douglas sur une quinzaine d’hectares.
Quels conseils donneriez-vous à ceux qui, comme vous, souhaitent s’agrandir mais n’ont pas leur résidence principale sur place ?
En premier lieu, il ne faut pas être pressé. Pour concrétiser un achat, à partir du moment où vous prenez contact avec un voisin, il faut en moyenne deux ans, parfois trois avant la signature. D’autre part, celui qui achète est pris pour le « Parisien » riche qui n’habite pas sur place. Il faut donc se faire accepter, être présent sur le terrain, avoir conscience que ces parcelles ont une histoire et que les propriétaires qui en ont hérité ont des raisons d’y être attachés. Je conseille de mettre en valeur les travaux qui y ont été réalisés en assurant vouloir assurer la continuité. Dans la mesure du possible, il faudra faire preuve d’humilité, faire travailler les entreprises du pays et surtout ne rien changer aux habitudes des chasseurs. La chasse est très importante. Si vous fermez vos parcelles aux chasseurs, le bruit va circuler que vous achetez pour la chasse et vous ne pourrez plus faire de nouvelles acquisitions.
Avez-vous constaté une baisse des frais de notaire sur les petites parcelles depuis la loi Macron de 2016 ?
Un notaire m’a dit un jour : « Si j’appliquais les textes de 2016, je serais obligé de mettre la clé sous la porte… » Et je reconnais bien volontiers que ce n’est pas envisageable pour les notaires ruraux de limiter les frais à 10 % du prix du bien, avec un plancher à 90 €. Les actes coûtent très cher, cela leur prend un temps fou. Pour un acte standard, il faut compter six mois à un an de travail. C’est beaucoup de relances, des courriels, des appels téléphoniques, cela pour une parcelle qui n’a pas beaucoup de valeur. Selon moi, imposer un acte notarié pour des parcelles de quelques centaines d’euros est un non-sens. Les vente de parts de groupement forestier peuvent être réalisées par acte sous-seing privé, sans passer par un notaire. C’est une idée à creuser. D’autant que l’acheteur pourrait très bien s’occuper des démarches à la place du notaire, il est en général très motivé pour le faire.