Protections contre le gibier

Cette page signée Pierre Beaudesson, est extraite du dossier Grands ongulés, la forêt sous pression publiée dans le n°615 (juillet/août 2018) de Forêts de France

Les solutions « système D »

Trop souvent, la pose de protections gibier lors des plantations devient la règle. Rappelons-nous que c’était l’exception il y a une quinzaine d’années. On ne le dit pas assez souvent, mais la mise en place de protections gibier est un constat d’échec de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique!

FdF-2018-615-Cervidés-p33Pour les dégâts, tout est dans le seuil d’acceptabilité. Le gibier fait partie de la forêt, il se nourrit entre autres de ligneux et semi-ligneux. Il est donc normal qu’il y ait quelques dégâts dans nos peuplements. En dessous de 15 % de plants abîmés assez bien répartis, cela reste acceptable, au-delà de 25 %, ce n’est plus tenable.

La recherche de cet équilibre sylvo-cynégétique, qui s’apparente malheureusement de nos jours à la quête du Graal, doit tenir compte des aspects économiques : « pérennité et rentabilité économiques des activités sylvicoles »,
« régénération des peuplements dans des conditions économiques satisfaisantes » (extraits de l’art. L. 425-4 du Code de l’environnement). La circulaire du ministère de l’Agriculture sur les plans simples de gestion (du 17 sept 2012) précise les conditions économiques satisfaisantes pour le propriétaire : en limitant l’utilisation de protection contre le gibier aux seules situations exceptionnelles. Or la mise en place de protections peut être un surcoût de 100 %, voire plus.

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Il existe différents types de protections sur le marché, que nous citons pour rappel dans les tableaux ci-après. Outre ces moyens connus et efficaces, des propriétaires ont testé, en fonction des matériaux disponibles, d’autres méthodes. Nous les appelons, ici, le « système D ». Si elles ne sont pas rapides à mettre en œuvre ou à effets discutables, ces méthodes restent peu onéreuses, voire gratuites. Parmi ces solutions, nous avons aussi des idées d’adaptations de la sylviculture, sous réserve de notion d’économiquement acceptable. Rappelons que ce n’est pas à la forêt de s’adapter au gibier, ni à la sylviculture d’adapter ces techniques aux cheptels d’ongulés.FdF-2018-615-Cervidés-p34-2

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Meilleure protection : la chasse !

Il est rare d’observer une répartition homogène des dégâts. Ils sont plutôt situés en lisière, en limite de territoire… Ainsi, afin de limiter le nombre de protections individuelles, celles-ci peuvent être posées préférentiellement sur ces espaces. Par ailleurs, le gibier revient régulièrement se frotter sur les mêmes plants. Les maintenir limite les impacts aux autres plants.

Cependant, la panoplie des produits sur le marché et des idées pour se protéger du gibier ne doit pas faire oublier que la meilleure des protections, c’est la chasse. Le meilleur rapport coût/efficacité reste la balle ! Le plan de chasse est donc le principal moyen pour rétablir l’équilibre. Il va de soi que l’entraînement au tir, une bonne organisation, le tir ciblé des individus les plus perturbateurs permettent une chasse efficiente. En parallèle, des arbres en station et une sylviculture dynamique favorisent la croissance rapide des arbres et un éclairage du sol pour le développement de végétaux nourriciers pour le gibier. Ce n’est que lorsque l’harmonie entre le gibier et la croissance de la forêt semble atteint que le forestier peut modifier légèrement ses itinéraires sylvicoles pour améliorer la capacité d’accueil du gibier dans sa forêt et donc encore mieux détourner les animaux des peuplements sensibles.