Les travaux forestiers, débroussaillement, élagage, tronçonnage, abattage, débardage… sont des travaux à hauts risques, non seulement pour les professionnels formés et encadrés mais aussi et surtout pour les particuliers et bûcherons du dimanche. Ils comportent une combinaison de risques naturels et de risques liés à l’emploi des machines.
Les risques naturels sont liés au caractère accidenté des terrains forestiers et à leur déclivité éventuelle, à la densité des plantations souvent encombrées de broussailles, d’arbres enchevêtrés ou cassés, aux difficultés d’accès, à la visibilité réduite et à la difficulté des conditions climatiques (vent, humidité, brouillard, chaleur ou froid). Les machines et engins forestiers, de part leur fonction même, sont dangereux : le travail à la tronçonneuse en particulier cause chaque année de nombreux accidents parfois mortels. De plus, l’éloignement des centres de secours, du fait du caractère isolé des travaux forestiers, est un facteur aggravant.
Un équipement de protection adapté est indispensable, ainsi que des pratiques gestuelles appropriées, une organisation rationnelle des chantiers, des techniques d’abattage, de débardage ou d’élagage éprouvées suite à une bonne formation.
I – Les situations à risque
Les travaux en forêt expose les forestiers à de nombreuses situations à risques :
Exposition à des contraintes physiques
Les forestiers sont particulièrement soumis à des nuisances physiques : contraintes posturales et articulaires répétitives et prolongées, port de charges, exposition à des bruits nocifs, intempéries, vibrations transmises aux membres supérieurs, … Ces contraintes sont souvent cumulées.
Exposition aux risques d’utilisation des outils
La mauvaise utilisation de la débrousailleuse et surtout la tronçonneuse peut avoir des conséquences graves (coupures voire sectionnement de membres).
Exposition aux risques des engins forestiers et routiers
- utilisation de véhicules équipés d’un nombre insuffisant de treuils ou de treuils inappropriés.
- absence de rampes d’accès sur les remorques.
- maladresses lors du chargement ou déchargement de grumes.
- absence de structures contre la chute d’objets et contre le renversement sur les engins.
- non respect des consignes d’utilisation des engins (pente maximale).
Exposition aux chutes de plain-pied et de hauteur
- utilisation de moyens inadaptés d’accès en hauteur.
- manque de matériel anti-chutes.
- mauvaise formation aux travaux d’élagage (techniques de grimper et de secours dans les arbres).
Exposition au déplacement ou chute de végétaux ou d’objets
- tensions et compressions imprévisibles au niveau du tronc et des branches des arbres.
- éclats de bois ou projections de pierres ou de poussières.
- chutes de tronc ou de branches.
Exposition à des agents chimiques
- renversement et contact avec huiles, carburants.
- sortie des gaz d’échappements non conforme et moteurs mal réglés.
- fumées de la combustion de végétaux lors d’un essartage.
Exposition à des agents biologiques
- Coupures souillées par de la terre contaminée (tétanos, …).
- Morsures d’animaux (rage, leptospirose …).
- Piqûres des tiques en raison des problèmes liés à la maladie de Lyme et à l’encéphalite à tiques.
- Allergies au pollen ou aux insectes (chenilles urticantes, guêpes et frelons …).
II – Les principaux risques
- Écrasements, fractures et sectionnements des doigts et des membres, hémorragies.
- Lésions cutanées, y compris du cuir chevelu : coupures, éraflures, piqûres, morsures et échardes pouvant s’infecter (panaris, tétanos, leptospirose, maladie de Lyme…).
- Lésions oculaires par projections d’éclats de bois ou de pierre et de poussières.
- Traumatismes crâniens.
- Atteintes auditives liées à l’exposition au bruit.
- Lombalgies et cervicalgies dues en particulier aux vibrations des machines.
- Allergies respiratoires.
III – La prévention des risques
Pour les risques liés à la nature même du travail en forêt, une organisation rationnelle des tâches, de bonnes méthodes de travail avec des outils et engins adaptés et bien entretenus, une bonne formation sont nécessaires, mais insuffisants et l’adoption de vêtements et accessoires de protection (casques, visières, chaussures de sécurité, gants, pantalons anti-coupures, protection auditive etc.) s’avère indispensable.
Par ailleurs, une vaccination anti-tétanique à jour est obligatoire, et celles de l’encéphalite à tiques et de la rage recommandées (la maladie de Lyme n’ayant pas de vaccin).
Une organisation rationnelle des tâches
Avant le démarrage du chantier forestier, il convient de bien évaluer les risques, poste de travail par poste de travail et d’organiser le chantier en dégageant les zones de travail encombrées, en balisant les aires d’abattage ou d’élagage avec une signalisation idoine pour protéger les travailleurs de la chute de branches ou d’outils. Il faut prévoir des chemins de fuite et apprécier la distance de sécurité entre opérateurs selon le type de chantier et ne jamais laisser un travailleur forestier travailler seul en forêt lors de travaux dangereux (tronçonneuse, travail en hauteur…), à moins qu’il existe un moyen de surveillance sûr, soit une ronde soit un autre système de contrôle périodique. Tout chemin d’exploitation doit être suffisamment large, construit et entretenu de façon que tout véhicule utilisé pour l’exploitation forestière puisse circuler sans danger.
Un responsable de chantier nommément désigné doit répartir le travail en fonction des compétences de chacun et Informer les agents forestiers des risques encourus en cas de non respect des consignes de sécurité. Le responsable du chantier s’assure de la mise à disposition et du port effectif d’équipements de protection individuelle adéquats, de la présence d’une trousse de secours et d’un moyen de communication pour appeler les secours en cas d’accident.
La consultation des plans (exemple : implantation de lignes électriques enterrées ou aériennes, conduites de gaz…) est impérative pour éviter les risques d’électrocution ou d’explosion, lors de la manœuvre des engins ou des opérations de dessouchage.
De bonnes méthodes de travail
Les risques liés à l’utilisation d’équipements de travail dangereux par nature sont réduits si on choisit correctement les différents degrés de mécanisation adaptés aux différentes situations, avec du matériel conforme aux normes. En particulier, le maintien des dispositifs de protection des machines en bon état, le respect des consignes de réglage, d’utilisation, d’entretien, de débourrage et de maintenance de chaque catégorie de matériels sont un gage de sécurité.
Les engins forestiers
La présence, sur les engins forestiers, d’une ceinture de sécurité, de signal sonore de recul, de sièges en bon état, de structures contre la chute ou de projections d’objets, et contre le renversement, le respect des consignes d’utilisation (pente maximale) s’imposent compte tenu de la gravité des dangers qu’ils représentent.
Il faut séparer les hommes du matériel transporté, arrimer le matériel correctement dans les véhicules, utiliser des rampes de chargement des engins, dégager et entretenir les marchepieds d’accès aux véhicules.
Les autorisations de conduite des engins doivent être vérifiées.
L’abattage
Pour l’abattage, il convient d’utiliser des scies à chaînes adaptées à la nature du bois et au diamètre des troncs et branches à couper ; veiller à leur entretien et à leur affûtage, utiliser des outils manuels de coupe légers bien aiguisés avec des manches flexibles bon absorbeurs d’énergie.
Le débroussaillage
Il faut choisir l’outil de coupe adéquat (fil, lame ou disque) en fonction de la tache à effectuer ( (hautes herbes, broussailles ou taillis) afin d’éviter les projections et coupures.
L’élagage
Il convient d’utiliser des moyens adaptés d’accès en hauteur et privilégier la nacelle.
L’échelle est un moyen d’accès et pas un équipement de travail.
Il est indispensable de contrôler le bon état du matériel : vérifier que les cordes ne possèdent pas de fils cassés, vérifier l’état des mousquetons et des attaches…
Huiles, carburants, gaz d’échappements
Il faut respecter les règles de stockage et de transport du carburant pour éviter les renversements (bidons avec bec verseurs ou entonnoirs par exemple).
Le filtre à air doit être entretenu sur les engins, avec un pot d’échappement en bon état, une sortie des gaz non dirigée vers le travailleur.
Une formation indispensable
Les risques inhérents aux travaux forestiers et l’utilisation de matériels dangereux nécessitent que ces travaux soient réalisés par des opérateurs bien formés.
Tout d’abord, le caractère isolé des conditions de travail rend nécessaire de former les agents aux gestes des premiers secours.
Puis, le caractère physique systématiquement contraignant des taches nécessite une formation “gestes et postures” (PRAP) permettant de sensibiliser les intervenants au port correct des charges etc.
Enfin, une formation dédiée à chaque type de travail :
- Formation à la maîtrise des techniques d’abattage (direction d’abattage en fonction de l’arbre, phénomènes de tension/compression, règles d’utilisation de la tronçonneuse etc.).
- Formation aux techniques d’élagage (techniques de grimper, de travail dans l’arbre à l’aide de cordes, techniques de secours dans les arbres)
- Formation à la conduite des nacelles
- Formation à la conduite des engins forestiers
IV – Des équipements de protection individuelle adaptés (EPI)
Références réglementaires :
L’arrêté du 1er mars 1984 modifié le 22 décembre 1994, rappelle les équipements de protection individuelle dont doivent bénéficier les salariés, effectuant des travaux forestiers : casques, chaussures de sécurité adaptées, trousse à pharmacie des premiers soins…
Les employeurs doivent aussi veiller au port des équipements de protection par les salariés, veiller à leur bon état et assurer leur renouvellement
La note de service 2007-5018 du 27 juin 2007 traite de la mise en œuvre de la réglementation relative à la prévention des risques de chutes liés aux travaux réalisés dans les arbres au moyen de cordes.
Travaux de tronçonnage et débroussaillage
Le port de l’équipement de protection individuelle est obligatoire pour les utilisateurs de tronçonneuse. Il doit être porté systématiquement. L’équipement complet comprend :
- un casque forestier de sécurité,
- une protection auditive (coquille antibruit, bouchons d’oreille),
- une protection des yeux ou du visage, écran facial grillagé ou visière ou lunettes de protection,
- une veste de travail de couleur vive, manchettes anti-coupures (proscrire les vêtements amples),
- des gants de travail anti-coupures et anti-perforations,
- un pantalon anti-coupure,
- des chaussures ou des bottes de sécurité robustes résistant à la perforation et à l’écrasement. avec semelles rugueuses antidérapantes,
- des jambières.
Travaux d’élagage
Utiliser du matériel anti-chutes : harnais de sécurité et de ses accessoires (corde de sécurité avec système d’arrêt en cas de chute), casque de sécurité avec visière, chaussures ou bottes de sécurité, gants, pantalon anti-coupures.