Cette page signée Pascal Charoy, est extraite du dossier Grands ongulés, la forêt sous pression publiée dans le n°615 (juillet/août 2018) de Forêts de France
PEFC sensibilise les propriétaires
Le nouveau standard de certification PEFC, mis en place en janvier dernier, renforce les devoirs du propriétaire pour maintenir l’équilibre forêt-gibier. Quand il exerce son droit de chasse, un propriétaire doit demander des bracelets en nombre suffisant et exiger des chasseurs un bilan des réalisations effectives. Les dégâts de gibier doivent désormais être déclarés auprès de l’administration.
La question a été longuement débattue lors du forum PEFC qui a défini le nouveau standard 2017-2022. Pourquoi contraindre le propriétaire à déclarer les dégâts de gibier ? « Cela tient au fait que ces dégâts empêchent le renouvellement de la forêt et que l’équilibre sylvo-cynégétique est une condition essentielle de la gestion forestière durable. PEFC considère ce sujet comme fondamental et se doit d’accompagner les acteurs sur le terrain », explique Paul-Emmanuel Huet, directeur exécutif de PEFC France. François Godinot, président PEFC Grand Est et Fransylva Meuse, a défendu cette nouvelle clause lors du forum PEFC. « Dans mon département, il m’a fallu plusieurs années de collecte et de diffusion de fiches de dégâts pour faire admettre à la Fédération départementale des chasseurs qu’il y avait un problème. Trop souvent, les forestiers baissent les bras. Considérant que leurs déclarations ne sont suivies d’aucun changement, ils ne les font plus! Si bien que nos syndicats sont insuffisamment armés en commission départementale de la chasse et de la faune sauvage pour demander des augmentations des plans de tir. »
Surveiller le plan de chasse
Le nouveau standard demande au forestier de reprendre la main en signalant systématiquement les dégâts à son gestionnaire, à la DDT, à son syndicat. Et si rien ne se passe, il doit employer les moyens juridiques à sa disposition pour obtenir auprès du préfet l’augmentation des prélèvements. Exiger par exemple dans le bail que le plan de chasse soit réalisé. S’il faut engager un bras de fer, l’aide du syndicat sera nécessaire. Un forestier pourrait-il perdre sa certification s’il ne déclare pas les dégâts de gibier ? « Derrière cette exigence, il y a aussi un besoin de pédagogie et si le propriétaire ne se sent pas à l’aise avec ce type de démarche, il peut demander l’accompagnement de PEFC en région », souligne Geoffroy Dhier, responsable technique PEFC France.
Lors de sa visite de terrain, le contrôleur interne PEFC mettra l’accent sur cette question. Si le déséquilibre forêt-gibier compromet le renouvellement de la forêt et que rien n’est fait pour y remédier, la question du maintien de la certification sera clairement posée. « La situation est en train de s’améliorer au niveau national, note François Godinot. Le problème de l’augmentation des cerfs et chevreuils est maintenant perçu et les préfets donnent des consignes pour augmenter les plans de tir. Nous avons fait cette année dans mon département un énorme progrès : le président de la Fédération départementale des chasseurs reconnaît qu’il y a assez de cerfs en Meuse et peut-être trop en certains endroits. Notre plan de chasse 2018-2019 va passer de 960 à 1 180 bracelets. »
Pascal Charoy