La forêt, cette autre victime de la violente ignorance écologiste

Par Jean de Kervasdoué, Ingénieur en chef des ponts et des forêts.

La violence de militants écologistes ne se limite plus à la destruction des essais de variétés OGM, elle se manifeste aussi en forêt.

Rappelons, pour ne plus y revenir, le contexte économique de la filière bois en France. Entre juillet 2017 et juin 2018, son déficit s’établit à 6,7 milliards d’euros, en hausse de 10,7 % en glissement annuel. Les importations s’élèvent à 16,4 milliards d’euros (+ 5,5 % sur un an) tandis que les exportations atteignent 9,7 milliards d’euros (+ 2,2 % sur un an). Le déficit se creuse pour les pâtes à papiers et cartons, ainsi que pour les sciages de conifères. Donc, si l’on ne coupe pas en France, on coupe ailleurs pour, notamment, bâtir des habitations écologiques, en bois, en France !

Comme tous les êtres vivants, les arbres croissent vite dans leur prime jeunesse, puis cette capacité de croissance diminue. Si le châtaigner jusqu’à 20 ans pousse plus vite que les autres espèces cultivées à croissance rapide, c’est le douglas[1] qui prend ensuite le relais pour faire du bois d’œuvre. La croissance exceptionnelle du châtaigner expliquera aux promeneurs en forêt que beaucoup de taillis sont constitués de cette essence. Ils étaient exploités autrefois pour produire du bois de chauffage et du charbon de bois. Pour le bois d’œuvre, à soixante ans et plus à vingt, c’est le douglas qui l’emporte et pousse, durant cette période, deux fois plus vite qu’un chêne (0,5 cm contre 0,25 cm de rayon de l’arbre par an).

Si de très nombreux arbres peuvent vivre plusieurs siècles, les risques biologiques sont, comme chez les humains, liés à l’âge. Le risque de roulure du châtaignier augmente après cinquante ans ; la pourriture noire du merisier se déclare entre soixante et soixante-dix ans ; le risque de cœur rouge du hêtre s’accélère après cent-vingt ans … Quant au tremble, à l’aulne, au bouleau, leur durée de vie dépasse rarement soixante ans. Il y a donc un âge optimum d’exploitation pour chaque arbre : 20 ans pour un peuplier, 60 ans pour un douglas, 120 ans pour un hêtre, 180 ans pour un chêne … Quant au mode de régénération naturel ou par plantation, il y a eu longtemps pour les feuillus (hêtre et chêne) une philosophie différente entre les forestiers allemands partisans des plantations et les forestiers français partisans de la génération naturelle, ce qui ne veut pas dire sans contrôle attentif des forestiers, donc pas si « naturelle ».

Mais la forêt n’est pas seulement un lieu de production de bois, c’est aussi un lieu de promenade, de rêverie, de chasse, de cueillette et de cohabitation entre de nombreuses espèces. Les forestiers privés, qui représentent les trois-quarts de la forêt française, le savent et accueillent chez eux, chaque année, 700 millions de visiteurs. Quant à la biodiversité, elle dépend du climat, des essences, des modes d’exploitation, du sol, de la pluviométrie …

Rappelons en outre qu’en Europe, la forêt naturelle ne représente que 1% des surfaces boisées. Elle se trouve essentiellement en Pologne et n’existe pratiquement pas en France, alors qu’elle représente au Canada de 40 à 52% de ces espaces.

L’exploitation nuit-elle à la biodiversité ? Globalement pas.

« À l’échelle locale, les forêts non-exploitées sont réputées plus riches que les forêts exploitées. Pourtant, des études sur les plantes vasculaires, les oiseaux et certains invertébrés du sol montrent un effet positif de l’exploitation sur la richesse spécifique totale[2]. » Il y a toutefois une exception pour « les coléoptères saproxyliques[3], les bryophytes[4], les lichens et les champignons car ces taxons sont les plus sensibles à l’exploitation forestière ». La raison est simple : ils vivent sur une végétation en décomposition. Ajoutons, d’ailleurs que moins une forêt est exploitée, plus elle se couvre et ce qui réduit la luminosité ; la biodiversité diminue alors, à moins de faire artificiellement des puits de lumière.

Le 12 septembre 2018, un premier film : « le temps des forêts » caricature la sylviculture en l’illustrant par de la mécanisation lourde. Il est vrai qu’un arbre ne se soulève pas avec le petit doigt, que l’on ne l’abat plus à la main et que l’on ne tire plus les grumes à cheval. Ce même thème d’ignorants des pratiques forestières est repris par des livres tout aussi militants[5]. Puis, la veille de Noël 2018, un premier acte violent illustre cette campagne et un incendie volontaire se déclare à l’usine MECAFOR en Corrèze. Il y a un an, Mathilde Panot, députée LFI, lance une « commission d’enquête citoyenne pour une « gestion alternative des forêts ». Le 4 juin 2020 : 25 activistes de Canopée, SOS Forêt et ANV entrent en force dans l’usine de granulés bois Biosyl à Cosnes Sur Loire (58). Nous aurons le plaisir de le voir, en toute objectivité, grâce à la caméra de Hugo Clément dont l’émission sera transmise en octobre. (Sur Le Front /France 2).[6]

Enfin, le 22 juillet 2020, l’association « Canopée Forêts Vivantes » s’introduit dans les bureaux de France Bois Forêt, Fransylva et PEFC pour « ouvrir le débat sur les coupes rases »[7].

Certes, pour aller dans le sens du maire de Bordeaux, quand on coupe un arbre, non seulement il meurt, mais cela dérange les oiseaux et les insectes qui y nichent. Toutefois, ces volatiles se déplacent, pas loin en général, car les parcelles dépassent rarement, en France, quelques hectares. Il n’y a heureusement pas qu’à Noël que l’on coupe des arbres, mais on en replante et la vie repart.

Bien entendu, des progrès dans ce domaine existent. Dans certains cas, pas toujours donc, on peut associer résineux et feuillus, mais après Sirven, Notre-Dame des Landes, les faucheurs volontaires, on ne peut que constater la passivité, pour ne pas dire la complicité tacite de l’état à l’égard de ces actes violent par des apôtres de la décroissance.

Ignorance et à-peu-près tiennent lieu d’idéologie qui se traduit par la volonté de nuire à une production à l’évidence écologique et néanmoins mécanisée. Les vertus isolatrices du bois sont connues. Tant qu’il ne brule pas, il piège en son sein du carbone. Il abrite un écosystème qui changerait peu si on gardait ces arbres sur pieds. La raison n’est donc pas écologique quand l’on examine l’ensemble du cycle de vie de cette sylviculture. La raison est politique.

L’opinion évoluera peut-être quand, collectivement, nous découvrirons les drames d’une réelle décroissance le jour proche où les revenus de la production – de bois notamment – ne seront plus compensés par la générosité des créanciers de la France.


[1] Ce conifère de l’ouest de l’Amérique du nord, a été choisi depuis un siècle par les forestiers français pour la qualité de son bois et la rapidité de sa croissance. Il a peu de parasite et donc ne requiert pas de traitement, même en début de croissance.
[2] Y. Paillet, L. Berges. Naturalité des forêts et biodiversité : une comparaison par méta-analyse de la richesse spécifique des forêts exploitées et non exploitées en Europe : chap 4. Biodiversité, naturalité, humanité – Pour inspirer la gestion des forêts, Vallauri D., André J., Génot J.C., De Palma J.P., Eynard Machet R. (eds), Tec et Doc Lavoisier, p. 41 – p. 49, 2010, 978-2-7430-1262-5. ffhal-00504476f https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00504476/document
[3] Qui vivent dans le bois en décomposition
[4] Les mousses par exemple
[5] Gaspard d’Allens, Main basse sur nos forêts, le Seuil 2019
[6] https://www.canopee-asso.org/raslacoupe/
[7] https://www.facebook.com/canopee.foretsvivantes/

Hommage à Jean-Mathieu Michel, maire de Signes

Maire emblématique d’un de nos villages varois depuis 36 ans, Jean-Mathieu Michel était notre ami. Nous siégions depuis des années avec lui à la Commission départementale des Sites et nous partagions son bon sens lorsqu’il nous fallait prendre position et voter face aux excès de certains « idéologues ».

C’était un homme intègre, dévoué au service de nos concitoyens et de nos territoires, autant défenseur de nos droits qu’attaché à nos devoirs.

Qui aurait pu imaginer qu’il allait trouver la mort ce lundi 5 août 2019, alors qu’il venait de surprendre deux individus en train de se débarrasser illégalement de leurs gravats dans une des centaines de décharges sauvages qui envahissent nos espaces naturels, privés ou publics ?

Accident ? Homicide involontaire ?

Il ne nous appartient pas d’être juge du degré de culpabilité de celui qui est responsable de sa mort ni d’entrer dans la polémique qui tourne autour de la décision du Juge des Libertés, mais nous ne pouvons qu’être vent debout contre tous lles comportements inacceptables, que ce soient les décharges sauvages ou autres incivilités tout aussi condamnables. Nous ne pouvons que rendre hommage au courage de nos élus qui, hélas aujourd’hui, au péril de leur vie, font le maximum pour limiter, à défaut d’arriver à faire cesser ce genre de pratiques.

Jean-Mathieu mérite à ce titre un hommage exceptionnel.

Frédéric-Georges Roux

2019 08 08 Courrier J-M Michel Signes

Le temps des forêts : un film ” négatif ” et controversé

Commentaires de Gérard Gautier, président de Fransylva 13

Après débat avec ceux de nos amis forestiers qui ont vu ce film, il apparaît que celui-ci se veut un voyage au cœur de la « sylviculture industrielle ». Il dénonce la mécanisation lourde, la récolte de « belles » grumes pour en faire du bois énergie, l’utilisation de produits phytosanitaires et engrais, les coupes rases, l’export du bois vers la Chine, la monoculture et la gestion en futaie régulière et enfin la réforme de l’ONF. Il est principalement tourné en forêt privée

Le parti pris est négatif et dénonce les « dérives » de la sylviculture, en préconisant l’arrêt des coupes rases, des pesticides, de la plantation…

Un premier retour est qu’une semaine après sa sortie, il ne fait pas recette. Pour ceux qui l’ont vu et même pour des forestiers, à part quelques belles prises de vue en forêt, le scénario n’est pas palpitant… (un peu à l’inverse de « La vie secrète des arbres » qui se lit facilement).

Dans notre région, je n’ai trouvé que « l’Espace Fernandel » à Carry le Rouet qui l’a programmé le 10 octobre 2018.

Les distributeurs n’ont pas du trouver notre région très captive.

Au delà de ce qui est violemment dénoncé, comme peuvent être dénoncé les excès de l’agriculture intensive ou le scandale de l’abattage des animaux dans certains abattoirs, si nous reprenons les différents thèmes à charge :

Sur la gestion « dite » durable

La diversité des propriétés forestières et des opérateurs en forêt implique que les pratiques et les choix de gestion soient variés. Les organismes de recherche et de développement s’efforcent de diffuser des bonnes pratiques, qui évoluent d’ailleurs au cours du temps.

Les organisations professionnelles relaient les conseils de gestion durable à leurs membres. Par ailleurs, il est vrai que le contexte, tant climatique qu’économique, change lui-aussi et que les forestiers s’y adaptent en temps réel.

Certes, des pans entiers de nos forêts dans diverses régions ont été au cours des siècles façonnées par la main de l’homme avec des espèces adaptées, mais cela existe depuis bien avant Louis XIV et Colbert… et bien peu de nos forêts françaises sont 100 % naturelles. C’est une évidence historique dont l’effet pervers du progrès conduit à un systématisme qui n’est heureusement pas généralisé hors les zones de grande production pointées dans le film : le Morvan, les Landes…

Quant à la soi disant monoculture du douglas, nous récoltons aujourd’hui ce que nos grands parents ont (bien heureusement) planté après les désastres de la guerre grâce au FFN.

Si une parcelle doit faire aujourd’hui l’objet d’une plantation, le forestier cherchera avant tout à déterminer l’essence la mieux adaptée. Le douglas pourra faire partie des réponses.

Mais, pour ce qui est des plantations, on ne compte que 2 millions d’hectares plantés sur 16 millions d’hectares de forêt en France métropolitaine.

Le film ne rend donc pas bien compte de la réalité de nos forêts !!!

Sur la mécanisation

Ce n’est pas la mécanisation qui met en danger une ressource ou un milieu naturel, mais le niveau de pression qui s’exerce sur ce milieu. Les engins forestiers actuels sont adaptés aux sols sensibles pour limiter leur impact (6 ou 8 roues, chenilles extra larges, pneus larges basse-pression). Il est intéressant de noter qu’une pelle à chenille de 14 tonnes équipée de chenilles élargies génère moins de pression au sol par cm2 qu’un randonneur.

La circulation des machines s’effectue sur des passages définis à l’avance, de sorte qu’elles ne pénètrent pas dans l’intégralité de la parcelle, limitant ainsi le tassement du sol et les blessures aux arbres.

Le recours à la mécanisation permet également de limiter les risques inhérents au métier de bucheron (la moitié des accidents mortels survenus ces 10 dernières années lors d’abattage auraient pu être évités si l’exploitation avait été mécanisée) et à réduire les troubles musculo-squelettiques très fréquents chez les ouvriers forestiers.

Sur le Bois Énergie

L’usage du bois comme source d’énergie est séculaire.

Certes au fil des siècles les modes de chauffage ont évolués en passant par l’électricité produite par les énergies fossiles et nucléaires.

Revenir au bois, c’est utiliser la 1ère source d’énergie renouvelable en France, soit 40 % de la production d’énergie renouvelable française. C’est aussi un moyen de limiter le recours aux énergies fossiles et nucléaires.

La récolte de bois énergie, via l’éclaircie des jeunes arbres contribue au bon développement de la forêt et à la croissance des arbres de qualité sans attaquer le capital de bois d’œuvre.

C’est permettre aux forestiers qui ne pouvaient matériellement pas engager les frais de dépressage et d’éclaircis de pouvoir maintenant les réaliser.

Ceci est particulièrement vrai dans nos régions méditerranéennes.

Le bois énergie n’est qu’une composante de la filière bois. Ce sont des « connexes » de l’exploitation forestière et des sciages.

Pour les forestiers le bois énergie ne doit pas être une filière en soit.

Broyer un billon de « bois d’œuvre » est pour nous totalement inacceptable, encore faut-il que le marché soit présent, c’est bien tout le sens de la démarche des forestiers méditerranéens et de notre travail sur la valorisation du pin d’Alep.

Sur l’utilisation de produits phytosanitaires et engrais

La réglementation est extrêmement ferme sur l’utilisation de produits phytosanitaires en forêt. Très peu de produits sont homologués et ils sont utilisés essentiellement au début du renouvellement, afin que les semis naturels ou les jeunes plants puissent installer leurs racines et grandir. Les forestiers y ont recours lorsque les débroussaillements mécaniques sont inadaptés à la végétation. Ça n’est en aucun cas comparable à ce qui est utilisé dans l’agriculture.

Le référentiel PEFC, auquel la plupart des propriétaires forestiers a volontairement adhéré, tend à limiter au maximum l’utilisation de produits phytopharmaceutiques et l’usage des fertilisants.

Sur les coupes rases

Elles sont surtout pratiquées dans les plantations résineuses, dans les taillis de chênes ou après des catastrophes, notamment les tempêtes ou les dépérissements.

La plupart du temps il s’agit de coupes de régénération définitive en futaie régulière : dans ce cas, tous les arbres de la parcelle ont été coupés mais l’on veille en amont à ce que, grâce à la régénération naturelle, tous les semis des jeunes arbres soient au sol et que la forêt de demain soit déjà en devenir.

Par contre, avec les effets du changement climatique, si l’essence principale n’est plus adaptée, la plantation d’une ou plusieurs autres essences de remplacement seront nécessaires.

Dans les parcelles encore gérées en taillis, notamment avec le chêne (bois bûche) la coupe prélève tous les brins, mais les souches en produisent de nouveaux rapidement.

Sur les exportations en Chine

La demande chinoise est là et c’est un fait.

Attention cependant à ne pas accentuer le phénomène et à bien se référer aux chiffres de la filière. Ce n’est pas 20 % de la récolte de chêne qui est exportée vers la Chine, mais plus exactement 11 % (chiffre de 2016).

Faut-il s’en alarmer ? Non : la demande chinoise contribue localement à une consolidation des prix et des mises en vente de bois, parfois d’une qualité difficilement exploitable en France. La récolte induite par ces exportations est alors valorisable pour l’entretien de la forêt et constitue une source complémentaire de revenus utilisables pour reconstituer le patrimoine forestier.

Un atout supplémentaire pour la filière car aujourd’hui il n’existe plus d’aide significative pour le reboisement et le renouvellement de nos forêts (ex FFN)

Par contre il ne faut pas perdre de vue que chaque forestier préfèrerait vendre son bois en circuit court à prix égal…

Sur la gestion en futaie régulière

La futaie régulière est un type de sylviculture très courant en France, depuis des siècles. Son principe est le suivant : tous les arbres d’une même parcelle ont à peu près le même âge et des coupes d’éclaircie sont régulièrement effectuées au fil des ans pour diminuer leur densité. Cela permet le développement des arbres les plus beaux et les plus intéressants. À l’échelle de la forêt, différentes classes d’âge sont représentées. L’ambiance forestière varie suivant l’âge des peuplements.

La pertinence du choix entre futaie régulière et irrégulière dépend du contexte. Il n’y a pas de traitement meilleur que l’autre mais une réponse adaptée suivant les enjeux techniques (type d’essences, sols, état sanitaire des arbres, qualité du bois recherché…), sociaux (enjeux paysagers) et environnementaux. La répartition des classes d’âge à l’échelle de la forêt est identique avec les deux modes de traitement. En termes de biodiversité, la futaie irrégulière n’est pas un mode de gestion sylvicole « plus bénéfique » que la futaie régulière. Les deux types de futaies présentent tous deux un intérêt en termes de biodiversité, mais de manière différente. Dans le cas de la futaie irrégulière, la biodiversité propre à chaque classe d’âge d’arbres est présente sur la parcelle. Dans le cas de la futaie régulière, un seul type de biodiversité est présent sur la parcelle (celui de l’âge du peuplement) mais lorsque qu’arrivent les coupes de régénération celles-ci créent des effets de lisière et des milieux très ouverts très favorables à d’autres types de biodiversité : herbacées, rapaces (ayant besoin d’espaces ouverts comme terrain de chasse), oiseaux nichant au sol, insectes divers. Il n’y a pas plus de vieux bois en futaie irrégulière qu’en futaie régulière.

En termes de travaux, la futaie régulière ne nécessite pas davantage de travaux que la futaie irrégulière, les interventions ne sont tout simplement pas les mêmes.

Gérard Gautier
Camp Jussiou, le 21 septembre 2018

Plein feu sur la forêt varoise

Article signé Frédéric-Georges Roux, Président de Fransylva PACA, extrait du n°615 de Forêts de France (juillet/août 2018)

FdF 2018-615 Incendies FGR p14-1

Quelques vérités à l’aube d’un nouvel été

Lors de l’été 2017, le vent a réveillé les incendiaires et les collines varoises ont à nouveau été la proie des flammes. Un an plus tard, avec le retour de la chaleur, il n’est pas inutile de rappeler quelques vérités…

Ce n’est pas le changement climatique qui met le feu aux forêts, ce sont les hommes. Depuis 1998, sur 96 incendies ayant parcouru plus de 10 hectares dans le Var, et dont la cause a été identifiée, la malveillance a été à l’origine de 48 d’entre eux, la moitié ! Un seul, causé par la foudre, fut d’origine naturelle. 14 furent accidentels et 33 liés à des travaux, dont 24 à des travaux effectués par des particuliers.

4 000 ha brûlés en 2017

FdF 2018-615 Incendies FGR p15-1Ces chiffres donnent à réfléchir sur les mesures qui deviennent impératives, car il n’est pas envisageable d’augmenter à l’infini les moyens de lutte, déjà importants et surtout efficaces. La stratégie d’attaque prioritaire des feux naissants a montré que les surfaces dévastées ont été limitées depuis près de vingt ans, l’année 2003 mise à part. Alors qu’on était presque habitué à ce que 10 000 hectares partent en fumée tous les deux ans avant l’année noire de 1990 (27 000 hectares), nos pompiers (et tous ceux qui participent à la prévention, à la surveillance et au combat, notamment les 5 000 bénévoles des CCFF varois) ont été à la hauteur car le nombre de départs de feux n’a guère diminué. En 2017, la forêt varoise a perdu seulement 4 000 hectares sur quatre grands feux (La Londe, Ramatuelle, Bormes et Artigues) que les criminels ont allumés loin de tout, la nuit, en profitant de vents très violents. Les trois feux de la côte, en pleine saison touristique, ont « bénéficié » d’une hyper-médiatisation et fait l’objet d’un amalgame avec les feux dramatiques que nos voisins du Portugal ont dû affronter, alors que les dimensions ne sont pas comparables comme en témoigne le tableau ci-dessous.

Parlons gros sous

FdF 2018-615 Incendies FGR p15-2La DFCI (Défense des forêts contre l’incen¬die) a un coût, assez facilement mesurable en grattant dans les budgets de l’État et des collectivités, et en évaluant le coût des dégâts aux maisons et autres biens maté¬riels endommagés. Mais quelle est la perte pour nos forêts, êtres vivants ne demandant qu’à vivre, à survivre, à revivre, sources de produits renouvelables commercialisables (bois, énergie, champignons, châtaignes, plantes, gibier…), de services écosystémiques indispensables et gratuits (stockage de carbone, production d’oxygène, filtration des eaux, ralentissement des inondations, gestion des sols…), de services environnementaux (biodiversité, paysages…), de services sociaux (tourisme, loisirs éducatifs, promenades, sports, chasse…)? Il leur faudra, pour retrouver leur état et leur rythme initiaux, une centaine d’années pendant lesquelles on fera face à ce constat :

  • la biodiversité a disparu,
  • le paysage et ses revenus touristiques ont disparu,
  • l’énergie biomasse partie en fumée a pollué l’atmosphère de ses particules fines, chauffé les nuages et a dû être compensée par un peu plus d’énergie fossile,
  • le bois d’œuvre perdu a dû être remplacé par d’autres matériaux dont le bilan carbone est désastreux,
  • les sols se sont érodés,
  • les risques d’inondation ont crû…

Quelques pistes… forestières

Il ne s’agit pas de pistes DFCI, mais de pistes d’actions proposées par les forestiers pour diminuer le plus possible les départs de feux car tous les grands feux ont commencé par un petit feu :

  • FdF 2018-615 Incendies FGR p15Sanctionner sans pitié les coupables de manière exemplaire et visible, et perdre l’habitude d’éteindre un mégot avec un Canadair.
  • Faire respecter les OLD : une habitation et les personnes « confinées » sont suffisamment protégées quand le débroussaillement est bien réalisé ; les pompiers ainsi libérés de cette surveillance peuvent défendre les forêts.
  • Cesser d’urbaniser à proximité immédiate des forêts car ce sont les maisons et les hommes qui y fument et cuisinent qui sont un danger pour nos bois.

Frédéric-Georges Roux
Président de Fransylva PACA

La chasse au grand gibier dans le département des Hautes-Alpes

Article (daté du 2 mai 2015) signé Robert Cancé, conseiller élu au Centre Régional de la Propriété Forestière de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur

Le département des Hautes-Alpes est un département rural très peu peuplé avec des traditions de chasse nombreuses et très ancrées dans la mémoire. Il possède des particularités cynégétiques liées à l’histoire, à ses singularités géographiques et altitudinales et aux évolutions tant sociétales que gibiers-chasseurs. Du chamois à la grive les passions y sont souvent exacerbées. La venue et la prolifération d’espèces encore inconnues il y a peu ont encore accentué des visions et des divergences des uns et des autres : dirigeants, écologistes, agriculteurs, forestiers et chasseurs.

Ces particularismes pourraient être abordés et débattus au sein de trois grands thèmes :

  • l’aspect ludique et économique.
  • la législation et les règlementations.
  • la gestion départementale au sens large du terme.

1) Aspect ludique et économique

Dans le département ce sont environ 5 800 chasseurs qui pratiquent leur activité au sein de plus de 200 territoires de chasse adhérents à la Fédération. Si l’on considère qu’un chasseur « invite » au moins une fois un autre chasseur « étranger » ce sont au total des journées chasse extrêmement nombreuses et une forte activité qui entrainent donc des retombées économiques importantes : restaurants, hôtels, les armes, les munitions, les vêtements, les cartes de chasse, les chiens avec accessoires, nourriture et santé, les guides de chasse, les observateurs, administrateurs, chercheurs et techniciens, la garderie publique et privée, et la liste n’est pas exhaustive, tous contribuent à une économie départementale difficile à chiffrer mais certainement loin d’être négligeable.

L’aspect ludique avec les fortes traditions des repas en famille ou entre amis, sorties en montagne ou en forêts contribuent à assouvir une passion qui se transmet de générations en générations, sans oublier les récits épiques au coin du bar, entre amis ou à la veillée.

2) Législation et réglementation

La législation, surtout la Loi d’orientation agricole et forestière de l’automne dernier en matière de chasse et en particulier les dispositions relatives aux plans de chasse du grand gibier concernent particulièrement le département. Les propriétaires forestiers directement ou potentiellement impactés par les dégâts occasionnés en forêt, préoccupés de l’avenir ou tout au moins sensibilisés à un certain équilibre agro-sylvo-cynégétique cherchent des explications et des solutions à nombre de questions.

Le département est sous le régime des Associations Communales de Chasse Agréées (A.C.C.A.) Toutes les anciennes sociétés « banales » sont donc dans l’illégalité. Cette disposition distrait le droit de chasse de celui de la propriété tel que prévu par le Code Civil. Les propriétaires ne peuvent plus s’opposer à la chasse sur leurs terres sauf dispositions prévues par la Loi : droit de non chasse, surfaces supérieures à soixante ha pour le département, etc…

Si, dans une première période, les propriétaires forestiers ne se sont pas trop préoccupés de cette disposition, aujourd’hui il n’en est plus de même avec la prolifération des grands animaux comme les sangliers, cerfs, chevreuils, mouflons et chamois : Dégâts ?  Informations ?  Exacerbation de la propriété ?  Exclusion de la gestion ?  Nous entendons de plus en plus de protestations avec des demandes de régulation forte et les possibilités de sortir de cette contrainte A.C.C.A. sont en hausse constante.

C’est le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique (SDGC) dans son article L425-1 du Code de l’Environnement qui propose les plans de chasse. Ils sont élaborés par la Fédération des Chasseurs en concertation avec les Chambres d’Agriculture, les représentants de la propriété privée rurale et des intérêts forestiers, « en particulier lorsque le programme de la forêt et du bois prévu à l’article L 122-1 du Code Forestier fait état de dysfonctionnement au regard de l’équilibre sylvo-cynégétique » (art.425-1).

L’article L122-1 est relatif aux documents d’orientation et de gestion élaborés par la commission régionale de la forêt et du bois et qui fixe par massif forestier les priorités économiques, environnementales et sociales et les traduit en objectifs. Il définit les critères de gestion durable et multifonctionnelle et des indicateurs associés.

Le schéma doit être compatible avec le plan régional de l’agriculture durable… avec les orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats… et avec les programmes régionaux de la forêt et du bois… (Article L425-1)

Il est approuvé, « après avis de la commission départementale compétente en matière de chasse ou de faune sauvage, par le Préfet, qui vérifie notamment qu’il est compatible avec les principes énoncés à l’article L420-1 et les dispositions de l’article L425-4 du présent Code… »(art. L.425-1)

Le fameux L425-4 qui a tant fait couler encre et salive !!!

« L’équilibre agro-sylvo-cynégétique consiste à rendre compatible, d’une part, la présence durable d’une faune sauvage riche et variée et, d’autres part la pérennité et la rentabilité économique des activités agricoles et sylvicoles.

Il est assuré, conformément aux principes définis à l’article L420-1, par la gestion concertée et raisonnée des espèces de faune sauvage et de leurs habitats agricole et forestiers.

L’équilibre agro-sylvo-cynégétique est recherché par la combinaison des moyens suivants : la chasse, la régulation, la prévention des dégâts de gibier par la mise en place de dispositifs de protection et de dispositifs de dissuasion ainsi que, le cas échéant, par des procédés de destruction autorisés. La recherche de pratiques et de systèmes de gestion prenant en compte à la fois les objectifs de production des gestionnaires des habitats agricoles et forestiers et la présence de la faune sauvage y contribue. L’indemnisation mentionnée à l’article L426-1 peut contribuer à cet équilibre.

L’équilibre agro-sylvo-cynégétique tend à permettre la régénération des peuplements forestiers dans des conditions économiques satisfaisantes pour le propriétaire, dans le territoire forestier concerné. Il prend en compte les principes définis aux articles L112-1, L121-1 à L121-5 du nouveau Code Forestier ainsi que les dispositions des programmes régionaux de la forêt et du bois mentionnés à l’article L122-1 du même Code. »

 L’article L420-1 : « La gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats est d’intérêt général. La pratique de la chasse, activité à caractère environnemental, culturel, social et économique, participe à cette gestion et contribue à l’équilibre entre le gibier, les milieux et les activités humaines en assurant un véritable équilibre agro-sylvo-cynégétique.

Le principe de prélèvement raisonnable sur les ressources naturelles renouvelables s’impose aux activités d’usage et d’exploitation de ces ressources. Par leur action de gestion et de régulation des espèces dont la chasse est autorisée ainsi que par leurs réalisations en faveur des biotopes, les chasseurs contribuent au maintien, à la restauration et à la gestion équilibrée des écosystèmes en vue de la préservation de la biodiversité. Ils participent de ce fait au développement des activités économiques et écologiques dans les milieux naturels, notamment dans les territoires à caractère rural. » 

 Le plan de chasse est défini par l’article L425-6 :

« Le plan de chasse détermine le nombre minimum et maximum d’animaux à prélever sur les territoires de chasse. Il tend à assurer le développement durable des populations de gibier et  à préserver leurs habitats, en prenant en compte les documents de gestion des forêts mentionnés à l’article L122-3 du Code Forestier et en conciliant les intérêts agricoles, sylvicoles et cynégétiques.

Pour le grand gibier, il est fixé après consultation des représentants des intérêts agricoles et forestiers pour une période qui peut être de trois ans et révisable annuellement. Il est fixé pour une année pour le petit gibier.

Pour assurer un équilibre agricole, sylvicole et cynégétique, le plan de chasse est appliqué sur tout le territoire national pour certaines espèces de gibier dont la liste est fixée par décret en Conseil d’Etat. Lorsqu’il s’agit du sanglier, le plan de chasse est mis en œuvre après avis des fédérations départementales ou interdépartementales des chasseurs. » 

D’un  résumé d’une longue litanie législative, ici non exhaustive, que retenir de l’esprit de la Loi ?

  • Certainement une recherche d’un équilibre grand gibier, agriculture et forêts avec : « Le principe de prélèvement raisonnable sur les ressources naturelles renouvelables s’impose aux activités d’usage et d’exploitation de ces ressources. » (art. L420-1) . « L’équilibre agro-sylvo-cynégétique tend à permettre la régénération des peuplements forestiers dans des conditions économiques satisfaisantes pour le propriétaire, dans le territoire forestier concerné » (art. L425-4). « Le schéma doit être compatible avec le plan régional de l’agriculture durable… avec les orientations régionales de gestion et de conservation de la faune sauvage et de ses habitats… et avec les programmes régionaux de la forêt et du bois… » (art. L425-1).
  • Une concertation entre tous les acteurs pour l’écriture du plan de chasse : «  il est fixé après consultation des représentants des intérêts agricoles et forestiers » (art. L425-6).
  • Une gestion durable compatible avec les intérêts économiques : «  La gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats est d’intérêt général » (art. L.420-1), là,  « forestièrement » parlant, il y a du grain à moudre, car, jusqu’à présent, dans les esprits, les forêts fourre-tout pouvaient tout supporter et probablement plus encore au sein de la propriété privée, trop souvent ignorée.

3) Gestion départementale au sens large du terme.

La gestion de la chasse est certainement l’apanage de la Fédération Des Chasseurs (F.D.C.) du département. Elle possède les structures et les techniciens nécessaires.

Elle peut s’appuyer sur différentes techniques telles les comptages et les différentes études propres à chaque espèce pour élaborer le plan de chasse spécifique à une espèce donnée et pour un certain équilibre vis-à-vis des milieux. Par exemple, l’Observatoire de la Grande Faune et de ses Habitats (O.G.F.H.), grâce à un réseau de placettes réparties sur le département et différentes régions, émet des avis techniques vers la F.D.C. pour le grand gibier.

Conformément à la Loi, la Fédération des Chasseurs des Hautes-Alpes établit le plan de chasse départemental. Plusieurs réunions de commissions préparatoires ont lieu avant la Commission Départementale de la Chasse et de la Faune Sauvage (CDCFS) afin d’éviter de longs débats peu productifs lors de la réunion plénière. Au cours de ces réunions la Fédération, représentée en nombre, défends bec et ongle son point de vue, malgré les remarques de certains propriétaires agricoles et forestiers, certainement avec comme objectif principal une présence forte d’animaux afin d’assouvir les desiderata de ses membres de moins en moins enclins à fournir d’efforts, téléphones portables, colliers de localisation, GPS, radio et autres 4 x 4 en sont des constats frappants.

La Fédération joue donc sur une position technique avérée et comme leader, mais aussi sur la Loi instituant les A.C.C.A. qui écarte de fait les « petits » propriétaires agricoles et forestiers de la gestion ainsi que sur la communication envers le grand public en se positionnant sur des prélèvements à minima et donc en protectrice de la faune sauvage chère au grand public et autres défenseurs drapés de vert.

Elle balaie souvent d’un revers de manche les observations des propriétaires confrontés quotidiennement aux dégâts et à l’impact sur les milieux. Pour elle, les abroutissements agricoles et forestiers, frottis et casse, ne sont pas la priorité alors qu’une gestion équilibrée est une nécessité « sine qua non », inscrite dans la Loi, pour la pérennité agricole et forestière avec pour conséquence vitale la présence et la diversité de la flore et donc de la faune.

Lors de la réunion plénière, les propriétaires agricoles et forestiers sont minoritaires face aux différents défenseurs de la « nature », à la Fédération et gestionnaires divers. L’Administration étant plutôt comptable des débats.

À l’évidence, lors de ces assemblées et commissions, il faut augmenter l’argumentaire et la présence des propriétaires forestiers qui ne sont pris en compte que de façon trop marginale. Les agriculteurs, leurs manifestations spectaculaires, parfois violentes, sont davantage écoutés. Les indemnités qui leurs sont versées en compensation des dégâts y contribuent aussi, ce qui n’est pas le cas, jusqu’à maintenant, des propriétaires forestiers.

Les forêts publiques et privées sont également concernées, l’une est considérée comme le bien commun de tous, l’autre quasi ignorée. Elles ont intérêt à constituer un front commun, rapidement, les divergences avec les chasseurs sont de plus en plus prégnantes. Il est temps de gommer certains messages et bruits divers nuisibles à l’entente nécessaire et obligatoire entre forestiers et chasseurs. Les dégâts sur les milieux de nos forêts plutôt « moyens-pauvres » sont de plus en plus visibles avec des diversités floristiques en forte baisse, en sachant de plus que les temps de cicatrisation et de réponse aux dégâts dans nos forêts sous influences méditerranéennes sont très longs voire irréversibles lors de plantations par exemple.

L’imbrication avec le monde agricole est aussi évidente,  les parcours, les cultures, les bois et forêts sont autant de lieux d’attrait, à des degrés divers, pour la grande faune. Tous les propriétaires ruraux sont donc concernés par « l’équilibre agro-sylvo-cynégétique ».

Robert Cancé
Conseiller élu au CRPF PACA

La vie secrète des arbres : entre rêves et réalités

Le livre de Peter Wohlleben, La vie secrète des arbres, ce qu’ils ressentent, comment ils communiquent (édité en Français aux Arènes), traduit dans 32 langues, a été, avec 650.000 exemplaires vendus, le numéro 1 des ventes en Allemagne.

C’est un ouvrage plein de grâce, de poésie, acclamé dans le monde entier, que tout amoureux de la forêt se doit de lire, mais il fait polémique, de même que le film qui en est titré fait débat.Vie secrète et FdF

Dans son numéro 609 (décembre 2017), Forêt de France a publié, sous la signature de Pascal Charoy et de Victoire Renaume, un dossier de 12 pages couvrant les multiples facettes d’un ouvrage merveilleux et controversé qui a appelé la très respectable Académie d’Agriculture de France à réagir en publiant une note de lecture dont vous pouvez prendre connaissance en cliquant ici pour en télécharger le pdf.

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Les articles du dossier

Ce dossier est composé de 8 articles que vous pouvez consulter en cliquant sur les liens qui figurent ci après.

  1. Mode d’emploi : une synthèse de Pascal Charoy qui se veut neutre
  2. Approximations, interprétations, erreurs… : les réserves de la communauté scientifique (par Pascal Charoy)
  3. le point de vue de Francis Martin, spécialiste des relations entre arbres et champignons (propos recueillis par Pascal Charoy)
  4. Points de vue de forestiers (Thomas Formery et Denis d’Herbomez) par Victoire Reneaume
  5. Consommer du bois (propos recueillis par Victoire Renaume)
  6. La futaie jardinée pour produire du bois, par Pascal Charoy
  7. Une forêt de protection dans le Parc National des Cévennes et la vision de Reforest’Action par Pascal Charoy
  8. Rencontres avec Mériem Fournier et Georges-Henri Florentin (propos receuillis par Pascal Charoy)

 

DFCI, à quoi bon ! Dialogue entre le sanglier et le bouc

S’agit-il ou non d’un conte ? Si oui, c’est un conte à dormir debout. À moins que ce soit un dialogue entre deux personnages masqués. Mais alors, qui se cache derrière le sanglier et qui ne dit pas qu’il est le bouc ?

Il était une fois…

Il était une fois un sanglier qui vivait dans une forêt méditerranéenne proche de la ville, qu’il avait du fuir un jour où les flammes, qui léchaient déjà les villas mal débroussaillées de rupins urbains, l’en avait chassé.

Sanglier et boucArrivé sain et sauf, dans la garrigue miraculeusement épargnée, il se trouva au milieu d’une réunion de moutons qui devisaient sur le nombre idéal des oiseaux porteurs d’eau nécessaires en attendant que leurs bêlements incantatoires finissent par faire tomber la pluie.

Le plus âgé des moutons, prénommé Prométhée (comme le Titan qui fut puni, selon Diogène de Sinope, pour avoir dérobé le feu, parce qu’il était principe de mollesse et sensualité, et source de plaisirs plutôt que de servir courage et justice (cf. wikipedia), lui expliqua que la solution était dans la DFCI (Défense des Forêts Contre les Incendies) dont le budget servait avant tout à protéger les personnes et les biens, budget considérable mais très insuffisant pour protéger les forêts car ce n’était pas la priorité des soldats du feu.

L’homme est un danger pour la forêt

Dépité, notre sanglier allait quitter la réunion quand il croisa un bouc, représentant officiel de la protection de sa forêt méditerranéenne et un dialogue édifiant s’engagea.

Sanglier : Dis-moi, bouc, toi qui est voisin et en charge de la protection de ma forêt, pourquoi n’es-tu pas venu il y a peu à Vitrolles à la journée sur le thème des feux de forêts alors que le ministère parisien y a déplacé un super-bouc général pour exposer le contenu du rapport relatif à la DFCI du CGAAER ?

Bouc (avec son bel air) : nous ne sommes pas tout à fait d’accord avec le contenu de ce rapport, et il nous paraissait mal venu d’étaler nos divergences en public. Un exemple : ce rapport voudrait faire disparaître l’habitat illégal présent dans vos massifs.

Sanglier : Dois-je comprendre que vous êtes favorables au maintien, voire au développement, de ce genre d’habitat ?

Bouc (toujours bel air) : Si ces gens habitent ici, c’est qu’ils n’ont nulle part ailleurs où aller…c’est la faute au prix des terres. Où veux-tu qu’ils aillent ?

Sanglier : Si je comprends bien, à tes yeux et à ceux de tes chefs, défendre ma forêt contre des comportements illégaux est secondaire. L’important est de compenser les  lacunes de notre société. Tant pis si les risques existent, ils sont acceptables.

Éteindre un mégot avec un canadair

Sanglier : Dis-moi Bouc, j’ai une autre question. Sais-tu que nombre de barrières à l’entrée des pistes DFCI sont dégradées et que souvent, voire toujours, il se passe parfois plus de 4 ans sans remise en état ?

Bouc : De toute façon, elles ne servent à rien.

Sanglier : Mais les forestiers, les espaces naturels, la faune et la flore souffrent des usages illégaux dont sont l’objet ces pistes.

Bouc : Il y a bien longtemps que nous avons compris que ces pistes ne permettent pas de lutter contre les incendies. D’ailleurs le nombre de leurs kilomètres diminue régulièrement. Quant aux feux, il font parfois des bonds de 800 m.

Sanglier : Elles facilitent surtout toutes les formes de pénétration et nul ne verbalise les contrevenants. J’ai même repéré et photographié (avec mon smartphone spécial sanglier) cette année encore des véhicules à moteur en hors piste au cœur de mon massif préféré lors de jours classés noirs alors que le dispositif de surveillance est supposé être à son maximum.

CanadairBouc : Il est trop difficile d’intercepter les motos. Il faudrait simplement interdire leur vente.

Sanglier : Il m’est arrivé d’alerter la police rurale de la commune alors qu’un chantier de construction était en pleine activité un de ces jours noirs. Mais personne n’est intervenu.

Bouc : Plus personne ne veut verbaliser, les maires veulent seulement être réélus. Même , le préfet fait aussi de la politique. C’est ça la démocratie. Il n’y a rien à faire.

Sanglier : Autre chose, pourquoi ne ferme t’on jamais les routes touristiques secondaires qui traversent les massifs lors des jours à très fort risque ?

Bouc : Et puis quoi encore ? Veux-tu aussi le couvre-feu nocturne pour empêcher les vols ? C’est impossible de fermer une départementale alors que le risque est si faible ! On peut à la rigueur interdire (sans le fermer) un chemin, mais jamais, jamais, jamais les routes du domaine public.

Sanglier : Pourtant de nombreux cols de montagne sont régulièrement fermés pour des raisons de sécurité.

Bouc : Ce n’est pas pareil. Une avalanche est un risque naturel, pas le feu qui est quasiment tout le temps lié aux hommes.

Sanglier : Justement, les empêcher d’entrer inutilement dans les massifs protègerait à la fois les hommes, les forêts, les sangliers et surtout les tortues.

Bouc : Il serait nécessaire de justifier d’un risque beaucoup plus important pour aller jusqu’à la fermeture d’une route.

Sanglier : Comment se fait il alors que vous le fassiez pour des motifs récréatifs comme une course cycliste, une course automobile, un tournages de film… et que le risque incendie compte pour du beurre ?

Bouc : Il faut bien que les hommes puissent circuler. Les feux de forêt, ce n’est pas comme les accidents de la route, ça fait beaucoup, beaucoup moins de morts, Ce n’est pas une priorité.

Sanglieau bouc (bel air) : Ce n’est pas demain qu’entre-nous il y aura Entente  

Morale

Les forestiers, la flore et la faune forestières sont seuls. Les forêts peuvent brûler.

Fumer tueLes autorités et services de protection et de défense devraient être nos boucs émissaires. Tant qu’ils estimeront que la situation actuelle est parfaitement acceptable.

Les tirelires subventionnent des dispositifs qu’ils estiment eux-mêmes grandement inutiles en occultant leurs effets secondaires.

Ils se targuent de jouer le rôle de défenseur des forêts mais ce sont finalement des traitres qui font allégeance a nos parasites.

Et alors, comment ?

Comment convaincre nos ministres de réorienter une partie des budgets de cette inutile et ignorante épave vers un concurrent dont la mission encore inédite serait vraiment de protéger les forêts contre l’imprudence et les illégalités ?

Comment leur expliquer, à eux, les décideurs, qu’en ces temps de difficultés budgétaires, il est possible d’éteindre un mégot sans avoir recours a des canadairs, des bulldozers et des convois de pompiers venus de toute la France…

Jean-Pierre Hueso
Administrateur de Fransylva 13

 

Gel de Gardanne ou les écologistes incendiaires !

Nos forêts sont en danger

La biomasse, une des énergies renouvelables les plus économiques, l’or vert de notre région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui a bien besoin de redonner vie à ses collines boisées (48 % de sa surface), est en danger.

Une conversion décarbonante

Constatant que notre région est en mal de production d’électricité (nous sommes même une péninsule !) et que nous regorgions de forêts en croissance et sous-exploitées, ce qui n’est ni bon pour la biodiversité ni pour les risques d’incendies par les temps qui chauffent, la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a retenu en 2011 deux projets « biomasse » en PACA (Uniper à Gardanne et Inova à Brignoles).

Uniper 01Les experts de l’État (DRAAF, DREAL, ADEME…), la Région, les professionnels de la filière, les forestiers privés (Fransylva, le CRPF, la Coopérative Provence Forêt) et publics (ONF, Communes Forestières…), les experts de la qualité de l’air, de la santé, des transports, de l’environnement, bref toutes les compétences concernées, ont travaillé d’arrache-pied pendant 5 ans pour accompagner Uniper qui a investi près de 300 millions d’euros pour transformer sa centrale à charbon en une unité de production d’électricité à base de biomasse, prête à démarrer dans les meilleures conditions et en total respect des exigences d’un cahier des charges dont on peut dire qu’il ne brillait pas par sa légèreté.

Écolos + TA = un « tronc » dans les roues

Marteau vertEt ne voilà-t-il pas que les spécialistes des chicanes de dernier recours viennent de réussir à mettre un tronc (plus qu’un bâton) dans les roues d’un projet exemplaire en poussant un juge d’un Tribunal Administratif local à céder à leurs murmures et à leurs chants d’oiseaux de mauvais augures.

Une insulte aux gens sérieux et responsables

Ayant participé le plus sérieusement qu’il soit possible pour un forestier rural, simple ingénieur diplômé de l’École Polytechnique, et avec une assiduité qui n’a rien eu de buissonnière, dans le cadre de la Commission Régionale Biomasse, à la quasi totalité du suivi des études qui ont veillé à la bonne fin de ce projet respectueux de toutes les contraintes qu’il était raisonnable de lui imposer, je m’insurge contre une telle décision que je reçois comme une insulte à la compétence et à la responsabilité de tous ceux qui ont œuvré depuis si longtemps et dont les contributions se voJugeient balayées en quelques minutes par des attendus plus que contestables qu’il nous faut maintenant contester. Que de temps et d’énergie (non renouvelable) perdus.

  • Ce n’est pas le bois qui manque (on récolte en PACA moins du quart de l’accroissement naturel annuel) et les plans d’approvisionnement précis ont fait l’objet d’études détaillées avant d’être validés et approuvés…
  • La filière est mieux organisée qu’on veut le faire croire, l’interprofession fonctionne et les exploitants forestiers sont des professionnels sérieux…
  • Nos forêts sont gérées durablement par leurs propriétaires, la coopérative, les experts et autres gestionnaires professionnels. En plus, Uniper n’accepte que des bois provenant de forêts certifiées PEFC, respectant évidemment toutes les contraintes, notamment celles liées à Natura 2000 (qui, en outre, sont loin d’être les plus contraignantes…

Les écologistes c’est nous, Fransylva, premier « parti écologiste » de France. Rien à voir avec des « écolos », ou des « écolocrates » qui sont à l’écologie ce que les technocrates sont à la technologie.

Frédéric-Georges Roux,
citoyen varois rural
militant environnementaliste forestier

mais aussi, à titre accessoire et bénévole :

  • Président du Syndicat des Propriétaires Forestiers Sylviculteurs du Var
  • Président de l’Union Régionale des Syndicats de Forestiers Privés
  • Vice-président de l’interprofession régionale de la filière Forêt-Bois
  • Vice-président du Centre Régional de la Propriété Forestière

PS : Je ne résiste pas à vous livrer ci-après le coup de gueule de mon ami Jean-Étienne Rimes qui exprime, avec d’autres mots que les miens une pensée que je partage à 100 %.

Écologistes incendiaires

Mais quelle bonne idée de vouloir préserver l’environnement en boutant un grand industriel allemand hors de la belle Provence ! Et ça marche parce que à coup de slogans engendrant des peurs, les associations ont réussi à exister… au détriment même de la cause qu’ils souhaitent défendre.

Uniper a investi plus de 250 millions d’euros pour créer la première centrale biomasse de grande taille à Gardanne à la place d’une centrale à charbon et voilà qu’après avoir innové et créer ses installations, cette entreprise se voit tout simplement retirer son droit d’exploiter. Dommage, elle offrait un débouché fantastique aux bois de faible valeur, largement disponibles et qui s’accroissent fautes de débouchés dans les forêts de la région PACA et Occitanie. De plus, elle contribuait à la création d’une filière forêt/bois permettant d’installer des scieurs, des transformateurs pour valoriser les essences nobles et les bois d’œuvre et créer ainsi une nouvelle source de nombreux emplois qualifiés dans la région.

Mais voilà, c’est un industriel, mot horrible et incompatible avec les vertus écolos et en plus, il est allemand et énergéticien, donc pollueur. A bannir.

Regardons de plus près. Ces forêts du sud-est sont pour la plupart insuffisamment entretenues et les propriétaires publics ou privés n’ont pas de débouchés suffisants. Ils n’ont pas les moyens d’entretenir puis récolter les arbres pouIncendie 1rtant matures avec des conséquences souvent dramatiques dont bien sûr les incendies qui font le feuilleton de chaque été. C’est ce qui est le plus visible, mais au-delà, la forêt s’appauvrit, la biodiversité en pâtit, les fonctions naturelles, qualité des eaux, qualité de l’air, le captage de CO2 en particulier ne se fait plus parce que l’arbre ne croît plus. Bref, il n’y a pas moins écolo que cette forêt abandonnée et sous des aspects naturels, elle est dans un état catastrophique. Jamais dans l’histoire de la région elle n’a été aussi délaissée.

Que ferait alors notre industriel. Tout simplement, il achèterait des bois de qualité médiocre permettant de replanter ! Oui, replanter ou régénérer et donc d’installer les essences vernaculaires productives qui en poussant purifieront l’eau, capteront des millions de m2 de CO2 ce qui n’est plus ne cas, créer des coupe-feux et des chemins sûrs. Il dynamiserait la filière, créant des emplois durables et non délocalisables pour l’entretien, la récolte, la transformation. Plus d’arbres en bonne santé et plus variés, la biodiversité profiterait abondamment de ce changement. Replanter, aménager, dynamiser, c’est bon pour les hommes, bon pour l’environnement, bon pour l’économie régionale, oui, mais ce n’est pas bon pour les écolos doctrinaires et procéduriers. Ils préfèrent créer des peurs quitte à ce que la forêt brûle, sanctuariser une forêt stérile et entretenir les sangliers, taper sur un industriel sans voir ses investissements et les emplois induits qu’il génère. Ils ont très forts pour expliquer une coupe rase en taisant les actions de replantation, ils sont parfaits pour médiatiser des friches sans parler des milliers d’hectares plantés par nous, forestiers.

PyromaneEt bien mesdames et messieurs les donneurs de leçons écologistes, assumez les catastrophes à venir que vous porterez sur seront sur votre bonne conscience. Les forestiers du sud-est, n’ont pas oublié les terribles incendies d’aout 2016. Comme tous les sylviculteurs de France, ils sont les premiers à agir dans notre pays pour l’environnement. Nous avons décidé de ne plus nous taire, nous agissons, nous plantons, nous régénérons, nous entretenons, nous cultivons, nous récoltons… nous sommes des écologistes actifs et militants de terrain.

Jean-Étienne Rime
Consultant et sylviculteur

 

 

Adresse aux acteurs de la DFCI (par Charles Dereix)

Discours de Charles Dereix, ingénieur général des Ponts et Chaussées,
prononcé le 17 novembre 2016 lors du colloque Fotresterranée
organisé par l’association Forêt Méditerranée à Saint-Martin de Crau.

charles-dereixComment présenter un rapport de 145 pages [1] qui propose 62 recommandations et 29 suggestions ? Il est vrai que, sur un sujet aussi large que la DFCI, il est difficile de faire court. Plutôt que d’égrainer l’une après l’autre l’ensemble de ces préconisations, je voudrais saisir la belle opportunité que m’offre Foresterranée avec la large plate-forme qu’elle représente en réunissant toutes les familles d’acteurs de la DFCI en région méditerranéenne. Je voudrais ainsi m’adresser à chacun de vous les yeux dans les yeux !

Je voudrais le faire, avec la liberté de parole qui est celle d’un missionnaire chargé de mener une évaluation dans le cadre d’une lettre de mission signée par trois directeurs de cabinet ; et peut-être aussi avec la liberté de parole qui est celle d’un fonctionnaire qui approche de la fin de sa carrière –mais qui y croit encore !

Tout ce que je vais dire a, à peu près, été dit au long de la matinée, et sans doute déjà lors de vos travaux d’hier ; ce que je voudrais ajouter, c’est qu’au-delà des mots, il faut véritablement passer à l’acte. Une interprofession vient de naître en PACA, c’est une belle nouvelle ; une lumière jaillit aujourd’hui, a dit un intervenant : il faut faire briller cette lumière !

Le feu de forêt est-il une fatalité dramatique ?

OUI, si l’on ne fait pas ce qu’il faut pour qu’il en soit autrement !

NON, si chacun, à sa place, dans son rôle, dans ses responsabilités, prend sa part de l’action et fait ce qu’il lui revient de faire.

Notre message de fond est « il ne faut pas baisser la garde » ; la stratégie DFCI donne de bons résultats mais aucune des causes structurelles des incendies n’a disparu, bien au contraire dans la perspective du changement climatique.

Au long de cette mission, nous avons vu des choses qui nous ont convaincus ; mais nous en avons vu aussi qui nous ont vraiment inquiétés, au premier rang desquelles le faible taux de réalisation des débroussaillements obligatoires et la poursuite d’une urbanisation en total décalage avec l’objectif d’un aménagement du territoire permettant de réduire le risque feu de forêt.

Il ne faut pas baisser la garde, il ne faut pas attendre un nouveau feu de forêt dramatique en surfaces dévastées, en maisons détruites, en morts d’hommes, pour que tous et chacun s’engagent pour mener, avec détermination, dans l’intelligence et la complémentarité, cette guerre du feu. C’est une guerre de tous les instants, une guerre que l’on ne peut pas gagner définitivement, mais une guerre qui peut permettre d’écarter le qualificatif « dramatique » de ce mot « fatalité » : il y a toujours eu des feux de forêt en région méditerranéenne, il y en aura toujours, mais leur nombre peut en être réduit, mais leur impact peut en être limité.

C’est dans ce but, fort du travail que nous avons mené, mes cinq collègues de l’Intérieur, de l’Agriculture et de l’Environnement et moi[2], que je veux m’adresser à vous. Je ne viens pas en donneur de leçon, encore moins en accusateur ; je voudrais, à partir des conclusions de cette mission interministérielle, convaincre ; convaincre chacun de vous que le progrès passe par vous, par l’exercice plein et entier de vos rôles et responsabilités.

Même si l’administration peut être réticente aux messages anxiogènes, il faut garder en permanence à l’esprit –et le redire à tous- que dans cette région bénie des dieux, si belle, si agréable, si attachante, l’enfer peut à tout instant se substituer au paradis. L’adage le dit : « on ne joue pas avec le feu », c’est particulièrement vrai ici. Certains comportements sont insensés, inadmissibles. Sans attendre, je reviens sur les deux que j’ai déjà cités :

  • la pression foncière reste toujours très forte, le mitage de la forêt se poursuit, le linéaire d’interfaces forêt-habitat continue de s’accroître, avec tous les risques que cela implique : ceci n’est pas responsable ;
  • malgré des retours d’expériences très probants, les débroussaillements autour des maisons pourtant obligatoires (le « O » de « OLD »), ne sont réalisés qu’à moins de 50% : ceci aussi est dramatiquement irresponsable. Sur ces deux registres-clés, la mission en appelle à une action ferme et déterminée.

Nos recommandations ne sont pas nouvelles ; sous des formes voisines, elles ont été faites par nombre de missions précédentes (celles qui, assez systématiquement, ont été lancées immédiatement après un été de grands feux) : nous avons eu l’impression que cette fois-ci, eu égard à l’augmentation de la biomasse en forêt –conséquence des bons résultats de la stratégie d’attaque des feux naissants- à la déprise agricole et aux changements climatiques, il était indispensable d’entendre ces recommandations, de les appliquer, de mobiliser l’ensemble des parties prenantes pour passer résolument à l’action. C’est dans cet esprit que je veux donc m’adresser à chacun de vous et en particulier

  • aux propriétaires de maisons en forêt ou en bordure de forêt,
  • aux propriétaires forestiers,
  • aux élus,
  • à l’administration,
  • aux protecteurs de la nature, aux amis et usagers de la forêt,
  • aux scientifiques et aux chercheurs,

et bien sûr à tous ceux qui sont engagés au quotidien dans la surveillance des massifs et dans la lutte contre le feu.

C’est par vous que je commencerai, sapeurs-pompiers, forestiers, CCFF…

…et autres agents des collectivités, gendarmes, policiers, agents d’établissements publics, et vous tous qui oeuvrez pour la prévention et la lutte contre l’incendie de forêt : félicitations pour le travail que vous faites et honneur à vous ! Le message que je veux vous adresser est tout imprégné du mauvais souvenir des « chicayas » inter-services que j’ai connues lorsque, il y a 30 ans, j’étais en poste en DDAF dans la région. Au long de la mission, j’ai eu l’impression que la querelle entre forestiers et pompiers sur le mode « touche pas à mon feu » à laquelle je fais allusion, n’est plus de mise.

Ouf ! Elle était désastreuse. Nous le redisons dans notre rapport : entre vous, le dialogue est indispensable, essentiel, travaillez ensemble, en intelligence, en complémentarité. Le salut est dans la coordination. Dans cet esprit, nous demandons au préfet d’être clair sur la répartition des compétences entre les différents services et de structurer le dialogue entre vous tous.

Mon adresse aux propriétaires de maison en forêt ou en bordure de forêt ne sera pas tendre.

Comment pouvez-vous hésiter un instant à faire ces travaux face à un risque aussi sévère ? Nous avons entendu beaucoup de réponses à cette question : « c’est difficile, c’est cher, on ne sait pas faire » ; « je ne veux pas défigurer mon environnement » ; « ici, ça ne brûle pas, n’exagérez pas la menace ».

L’oubli du grand feu ne se fait peut-être pas en quelques mois mais en tout cas en bien peu d’années ; « et s’il y a un feu, eh bien, les pompiers sont là pour me protéger et protéger ma maison » !

Notre rapport ajoute à ce discours le constat d’une « certaine distance », une « certaine réserve » de la part des maires et, comment dire encore, une « certaine retenue » de la part des services préfectoraux. Nous sommes ici devant un grave déni de responsabilité en même temps que dans une réelle illégalité : « OLD » signifie « obligation légale de débroussaillement ».

Il reste que, c’est vrai, c’est difficile, c’est coûteux, c’est ennuyeux, etc. Nous proposons donc que ces OLD fassent l’objet d’une action déterminée, programmée, priorisée dans le cadre des plans de protection des forêts contre l’incendie (PPFCI) et menée au niveau d’un territoire forestier pertinent, un massif ou une intercommunalité. Une action regroupée, massifiée pour être plus convaincante, plus « inéluctable » en même temps que plus efficace, moins chère et plus facile à mettre en œuvre ; une action impliquant les services municipaux et les CCFF, les forestiers, les entreprises et, comme aiguillon et, si nécessaire, comme autorité de sanction, le maire et le préfet (je personnalise à dessein).

 Cette action se déroulera en quatre temps :

  1. l’information, la sensibilisation, le rappel réglementaire, en tenant dès cet instant le discours ferme et définitif « la sécurité l’exige, le débroussaillement sera exécuté » ;
  2. les conseils personnalisés : il faut que chaque propriétaire reçoive un document lui indiquant précisément les travaux qu’il faut faire autour de sa maison, ce qui doit être coupé, élagué, enlevé ainsi que l’estimation de la durée des travaux, leur coût, et une liste d’entreprises pouvant faire ces travaux, inclus une réalisation par la commune en régie directe ou en régie d’entreprise, enfin le rappel de la date à ne pas dépasser ;
  3. un premier contrôle « gentil », un deuxième contrôle « autoritaire »  avec engagement aussitôt de la phase de mise en demeure ;
  4. et l’exécution d’office et les sanctions.

Deux compléments :

  • le débroussaillement chez le voisin : c’est une vraie pomme de discorde ; notre suggestion : la partie correspondante est prise en charge par la collectivité avec le soutien financier de la DPFM
  • cette opération programmée, concertée, massifiée, avec l’engagement de tous ces personnels qui vont y concourir pour la mener à bien, va représenter un coût, surtout si on suit la recommandation ci-dessus : il faut l’intégrer dans les financements DFCI portés par la Délégation à la protection de la forêt méditerranéenne (DPFM). Nous le disons souvent au long de notre rapport : face à des crédits forcément « rares », il faut, à travers les PPFCI, prioriser et soutenir les interventions les plus efficientes -ici, on est dans le très prioritaire.

Aux propriétaires forestiers

Je voudrais dire aussi, directement et peut-être un peu effrontément : certes, vous avez « vos yeux pour pleurer », et le feu est un drame. Mais vous avez aussi « vos bras pour agir », vous avez votre responsabilité de propriétaire à assumer, à exercer. Je ne reprends pas à mon compte le procès que peuvent parfois vous faire vos collègues d’Aquitaine sur le mode « nous, on fait tout ; eux, ils ne font rien », mais n’attendez pas tout de la puissance publique. Une forêt gérée est une forêt mieux protégée ; une forêt récoltée, exploitée, aménagée, valorisée est une forêt plus résistante.

La mission affirme que vous devez développer les PSG, que vous devez vous regrouper en gestion pour mettre en œuvre des PSG concertés, que vous devez jouer la carte des GIEEF, que vous devez participer à des projets territoriaux de développement forestier (pendant mes sept années de directeur de la FNCOFOR, j’ai porté le discours des chartes forestières de territoire : je suis convaincu que la démarche territoriale, démarche de médiation impliquant l’ensemble des parties prenantes, est une démarche gagnante à la fois pour le territoire dans sa globalité et pour chacun de ses membres en particulier).

Le bois énergie se développe en PACA, il faut jouer intelligemment cette carte, beaucoup d’entre vous l’ont compris ; comme vous, je ne suis pas sûr de ne trouver que des qualités aux centrales de Gardanne ou de Brignoles, mais, bien vécues, elles peuvent créer des opportunités. Enfin, il y a tout le registre des opérations de valorisation de la forêt, des produits forestiers, des espaces forestiers, sur lequel je reviendrai tout à l’heure.

Propriétaires forestiers, une partie de l’avenir des forêts méditerranéennes est incontestablement entre vos mains : saisissez-vous en !

Aux élus

Le message de la mission est un message de respect, d’hommage et d’appel à un plein exercice de leur responsabilité. Je le disais il y a un instant, j’ai eu la chance de travailler avec les maires des communes forestières pendant sept ans. Plusieurs recommandations du rapport impliquent les élus : à travers les OLD, j’ai évoqué ce registre du débroussaillement obligatoire et les voies pour le rendre réellement effectif. L’autre grande responsabilité que je veux évoquer maintenant est la question de l’urbanisation, de la construction d’habitations à proximité ou au détriment des massifs forestiers. Il y a là encore un problème de fond, une cause structurelle des incendies qui, malgré de nombreux rapports, n’a pas été traitée et qui reste porteuse de drames terribles. Cette question implique également l’administration qui a pu parfois être trop brutale là où le dialogue doit prévaloir. Un maire entend mal que le développement de sa commune puisse être drastiquement contenu, mais c’est la rançon de l’atout que représente ce patrimoine : il apporte des bienfaits, il apporte aussi des contraintes.

Sur ce sujet, comme sur les OLD, le temps des « écarts avec la loi » n’est plus de mise : le risque est trop grand. La mission parle « d’actions volontaristes de la part des administrations centrales relayées sur le terrain par une mise en œuvre sans faiblesse ». Ceci n’exclut pas l’intelligence et le dialogue.

Le sujet est capital ; la mission recommande une démarche ainsi constituée :

  • l’analyse par les DREAL des PPRIf prescrits depuis plus de 10 ans, et l’obligation, pour ceux dont l’étude confirmera qu’ils portent sur des secteurs particulièrement vulnérables, qu’ils soient approuvés dans le délai d’un an ;
  • la conduite par le ministère de l’environnement d’une réflexion en vue d’une éventuelle simplification des procédures de modification et de révision des PPRIf (pour ma part, je supprimerais volontiers ce qualificatif d’ « éventuelle » tant je pense que ce travail est nécessaire et susceptible de rapprocher les élus de cet outil qu’ils vivent comme trop contraignant) ;
  • la généralisation du porter à connaissance et des cartes d’aléas à tous les territoires forestiers, inclus friches agricoles et autres couverts végétaux, exposés au risque d’incendie –et veiller (rôle de l’administration) à leur bonne traduction dans les documents d’urbanisme et de planification;
  • la mise en œuvre, sous l’autorité du préfet, d’un programme annuel de démolitions d’office des constructions illégales en zones à risque incendie et des formes d’habitat illégal en forêt ;
  • l’application sans faille du code forestier pour s’opposer aux demandes d’autorisation de défrichement dès lors qu’elles sont porteuses d’un risque d’incendie de forêt.

Les élus, c’est aussi les Conseils régionaux, les Conseils départementaux, les intercommunalités : tous jouent un rôle essentiel et doivent le poursuivre sinon l’amplifier. Je ne développe pas ce point ici, mais le rapport l’évoque largement dans une optique de coopération, de subsidiarité en faveur d’un développement du territoire équilibré.

Le message de la mission à l’administration…

… me semble-t-il, est sans concession. J’ai déjà rappelé l’engagement qui doit être celui du préfet, de ses services, des services déconcentrés DREAL et DRAAF, des DDT dans les domaines des OLD et du mitage de la forêt par l’habitat.

Je voudrais citer quelques autres points essentiels :

  • d’abord la dimension d’interministérialité : la DFCI est un sujet éminemment interministériel. Nous recommandons que les directions centrales des ministères concernés, Intérieur, Agriculture, Environnement, se réunissent régulièrement et que les textes de niveau national soient systématiquement signés des différents ministres. Au niveau régional, il faut évidemment que DREAL et DRAAF travaillent la main dans la main, DREAL sur la base de la note technique du 29 juillet 2015 et du code de l’urbanisme, DRAAF dans le cadre des PRFB et des dispositions du code forestier ;
  • la mission demande aussi solennellement aux administrations centrales d’assurer la bonne adéquation objectifs/moyens dans les services déconcentrés et d’y positionner les effectifs et les compétences à la hauteur des enjeux ;
  • nous leur demandons aussi de stabiliser et renforcer la Base de données relatives aux incendies de forêt (à partir de Prométhée, pour ce qui concerne la région méditerranéenne) ;
  • la mission demande évidemment au ministre de l’intérieur de veiller au renouvellement de la flotte aérienne ;
  • aux préfets, la mission demande de s’engager personnellement sur les registres des OLD, des démolitions d’office, de l’ouverture de la saisons feu ; nous leur demandons de clarifier les responsabilités entre les différents services intervenant en DFCI et de piloter le dialogue entre les acteurs. Nous leur demandons aussi de généraliser les cellules RCCI de recherche des circonstances et des causes des incendies.

Aux protecteurs de la nature, aux amis et usagers de la forêt

Je dirai : jouons complètement la naturalité, l’hétérogénéité, l’extraordinaire richesse de la forêt méditerranéenne : tous les projets, toutes les actions doivent intégrer cette précieuse biodiversité. Mais ne nous trompons pas de combat : la protection de la tortue d’Hermann est essentielle, elle ne justifie pas pour autant le blocage de tout débroussaillement mécanisé ou de toute création de piste. Ici, le tout ou rien n’a pas de sens. Si le massif brûle, les tortues périront. Bien sûr, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi ! Nous en appelons à une posture d’intelligence constructive partagée où le bon équilibre sera adopté entre DFCI et protection des espèces et des milieux, avec des implantations des équipements et des modalités de travaux permettant d’atteindre l’objectif de DFCI tout en intégrant pleinement la protection des paysages, des espèces et des milieux. Plusieurs de nos propositions visent à donner plus de place aux représentants des ONGe dans le processus de planification de la DFCI et ainsi à permettre ce dialogue positif.

Aux chercheurs, à tous ceux qui mènent des travaux de recherche, de synthèse des connaissances et de développement

Nous demandons de poursuivre leurs programmes sur la connaissance et la modélisation du feu, sur l’interface forêt/habitat, sur la connaissance des essences forestières et leur comportement par rapport au changement climatique, etc… Nous leur demandons aussi de revoir les prévisions d’extension du risque feu de forêt à partir des nouvelles données apportées par le GIECC ; de travailler sur la résilience des habitats incendiés et de formaliser les points-clés de leur reconstitution ; bien sûr –et la demande s’adresse aux spécialistes de la Météo- d’améliorer encore, d’affiner, de préciser les outils de prévision, notamment sur les feux d’hiver.

Nous leur demandons également d’ouvrir ce délicat chantier de l’évaluation du préjudice écologique et du coût global des incendies de forêt : il est évident que si, au coût direct de la lutte -déjà difficile à connaître-, on ajoute l’ensemble des dépenses et des pertes, on arrivera à des sommes tout à fait considérables et pleinement convaincantes de la nécessité, si l’on en cherche encore des justifications, de poursuivre l’effort DFCI sinon de l’accroître.

Nous leur demandons aussi, et cette question nous a paru tout à fait prégnante, de dresser un bilan critique et prospectif des différentes formes de valorisation de la forêt, des produits forestiers et des espaces forestiers. Je parle ici des opérations sylvicoles, agricoles, pastorales, agro-pastorales, touristiques qui nous ont fait rêver (« on n’a pas beaucoup de bois à produire et à vendre, mais on peut faire bien d’autres choses pour tirer bénéfice des espaces forestiers tout en protégeant nos forêts »). Au bilan, qu’est-ce qui marche, qu’est-ce qui relève de la fausse piste ? Qu’est-ce qui donne de bons résultats, qui est durable, et à quelles conditions ? Quel avenir réserver alors à ces formules et dans quel cadre ? Notre mission était trop courte pour tirer enseignement de tout ce qui a été fait. Nous suggérons que la DPFM appuyée par les DRAAF s’y attelle. Les lamas pour débroussailler et, cf. Tintin et le capitaine Haddock, pour éteindre l’incendie en crachant sur les flammes, c’est clair, c’est du bidon, mais dans l’agropastoral et la gestion des grandes coupures, ou dans le domaine du liège, pour ne citer que deux exemples, un énorme travail a été accompli : qu’est-ce qu’on en tire pour l’avenir ? Et, chers propriétaires forestiers, je reviens vers vous, quelles sont les spéculations –j’emploie volontairement ce terme à forte connotation économique- que vous pouvez/devez mettre en place dans vos forêts, que vous pouvez/devez intégrer dans les projets forestiers territoriaux qui vous concernent, pour renforcer la gestion et donc l’auto-protection de vos forêts.

Et pour finir…

Un mot rapide encore sur les mesures de gouvernance spécifiques à la région méditerranéenne que nous avons proposées dans l’objectif de les rendre plus opérationnelles :

  • l’officialisation de la DPFM comme structure d’animation, d’impulsion et de coordination des acteurs techniques de la DFCI,
  • l’ouverture de la composition de l’Entente interdépartementale à l’ensemble des collectivités locales pour qu’elle constitue le lieu de dialogue entre tous les élus sur le thème de la DFCI, et le renforcement de son rôle en matière de communication ;
  • la réforme de la fonction et de la composition du Conseil d’orientation de la forêt méditerranéenne pour conforter le pilotage stratégique du préfet de la zone Sud : nourri du travail technique piloté par la DPFM et enrichi d’une position des élus élaborée au sein de l’Entente, le Conseil d’orientation de la forêt méditerranéenne (COFM) peut redevenir le lieu d’un débat et d’un dialogue au bon niveau sur la stratégie DFCI zonale (les décisions finales, comme dans tout domaine opérationnel touchant à la sécurité, relevant du préfet de zone).

Je terminerai par ce vœu que vous nous aviez exprimé, Monsieur le président, lorsqu’avec Jean Bonnier et Denise Afxantidis, vous étiez venu rencontrer la mission à Marseille, celui de la création d’un lieu de débat sur la forêt méditerranéenne. La chose me parait acquise avec la création du comité spécialisé « forêt, bois, territoires » dans le cadre du Conseil supérieur de la forêt et du bois : ce comité spécialisé pourra constituer ce lieu de dialogue, d’échange et de réflexion, en réunissant, lorsque le thème viendra à l’ordre du jour, les acteurs de la DFCI et plus largement de la forêt méditerranéenne.

Est-ce que le feu de forêt est une fatalité dramatique ?

NON, si comme on vient de le voir chacun, à sa place, dans son rôle, dans ses responsabilités, et en coordination avec les autres acteurs, prend sa part de l’action et fait ce qu’il lui revient de faire.

Liens vers les pdf des rapports officiels de la mission interministérielle :

[1] « Mission d’évaluation relative à la défense de la forêt contre l’incendie », avril 2016, rapport CGEDD n°010331-01, IGA n°16010-15083-02, CGAAER n°15102 accessible sur les sites des trois ministères en charge de l’environnement, de l’intérieur et de l’agriculture.

[2] La mission était composée de représentants de l’Inspection générale de l’administration (Alexandre Gohier del Re et Marie Grandjean), du Conseil général de l’environnement et du développement durable (Annick Makala et Alain Brandeis) et du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et de l’espace rural (Charles Dereix et Yves Granger).

Visite pédagogique de forêts finlandaises

C’est en surfant sur Internet que Jean-Pierre Hueso, administrateur de Fransylva Bouches-du-Rhône a découvert une splendide présentation animée que nous vous invitons à parcourir à votre rythme en cliquant ici : gestion durable des forêts finlandaises ou sur l’image ci-dessous.

UPM Forest Life

Nous avons été subjugués par la qualité des illustrations, la clarté des messages, la variété des informations et l’originalité de cette visite guidée panoramique.

Note : cette animation a été réalisée et mise en ligne par UPM (United Paper Mill), entreprise finlandaise fournissant des produits forestiers comptant près de 20.000 employés à travers le monde. Pour en savoir plus sur UPM cliquez ici : United Paper Mill.