14 avril 2018 : une date historique
Le 14 avril 2018, l’AFNOR a, enfin, publié la norme que nous attendions depuis longtemps, qui permet à ceux de nos pins d’Alep que nous saurons conduire à maturité de trouver le débouché en bois d’œuvre auquel ses qualités mécaniques lui permettent de prétendre.
Pour en savoir plus téléchargez le communiqué de presse en cliquant ici
Mais surtout n’hésitez pas à aller sur le site « Bâtir demain avec le pin d’Alep » en cliquant ici
C’est l’aboutissement de trois années de recherche, d’essais en laboratoire et de mobilisation des acteurs, menées sous l’égide de France Forêt PACA (association regroupant les producteurs de bois de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : Fransylva, Communes Forestières, ONF, CRPF et Coopérative Provence Forêt) qui permet notamment d’envisager l’utilisation du pin d’Alep en construction en bénéficiant désormais de la garantie décennale.
Pour en savoir plus téléchargez le dossier de presse en cliquant ici et/ou la présentation Le Pin d Alep réhabilité
Vous pouvez également télécharger la présentation de Denis Revalor faite le 25 mai 2018 lors de l’Assemblée Générale de Fransylva 13 : Le pin d’Alep normalisé « bois de structure »
Mais qui est vraiment ce pin d”Alep
qui « barbouille » nos paysages méditerranéens ?
Affichez ou téléchargez l’article de Véronique Mure en cliquant ici.
La « divine surprise »
Le pin d’Alep, essence endémique de nos forêts méditerranéennes, était devenu le mal aimé de nos collines. Comme le gorille de Georges Brassens « au marché des ventes groupées, il a mauvaise réputation ». Il a beau être le combustible rêvé des feux de nos forêts, il parait qu’il encrasse les cheminées. il est difficile à scier, pas bon pour le bois d’œuvre et donc ni utilisable en menuiserie ni en charpente…
Bref, il avait tous les défauts possibles et en plus, il ne valait rien ou pas grand chose.
Et pourtant, nous savions tous que nos ainés (et même nos ancêtres les plus lointains) utilisaient le pin d’Alep autrement que pour le triturer et en faire de la pâte à papier, le déchiqueter pour produire de l’électricité ou le laisser brûler tous les étés pour chauffer les nuages. Oui mais voilà, il n’avait pas subi, comme ses cousins (pins maritimes, pins sylvestre, pins laricio…) les tests officiels et la classification qui seuls permettent aux architectes ou aux charpentiers d’offrir la garantie décennale à leurs constructions.
Sa « réhabilitation » était depuis des dizaines d’années devenue l’Arlésienne des forestiers provençaux… jusqu’à ce que France Forêt Paca décide de pourvoir à cette injustice et surtout que l’un d’entre nous, Denis Revalor, qui présida pendant plusieurs années notre Union Régionale et dont il faut saluer la compétence et l’obstination prenne le taureau par les cornes, obtienne les financements nécessaires et conduise le projet jusqu’à son premier terme (la publication de la norme par l’AFNOR).
Pour arriver à nos fins nous avons « récolté » 90 m³ de beaux pins, bien droits, sans cœur gras, sans nœuds, d’au moins 30 à 50 cm de diamètre, répartis sur toute la zone de présence de cette essence. Après avoir trouvé le moyen de les transporter, nous les avons fait scier en 1.200 morceaux normés à différentes longueurs, largeurs et épaisseurs puis nous les avons confier à un laboratoire spécialisé, Céribois, qui leur a fait subir d’épouvantables tests contrôlés par ordinateur, flexions (pas extension) les menant, parfois avec difficulté, jusqu’à la rupture. Et là, « divine surprise », pas pour nous qui nous en doutions, nos pins d’Alep ont fait preuve de meilleures qualités mécaniques que leurs cousins.
Un reportage à visionner
Les élèves de l’École de Journalisme et de Communication d’Aix-Marseille (EJCAM) ont réalisé un reportage sur le pin d’Alep qui a reçu le prix spécial Forêt-bois du concours « Jeunes Reporters pour l’Environnement ».
Pour le visualiser cliquez ici.
Révolution dans le Landerneau des pins
Inutile de dire que ces caractéristiques ont été la cause de « conflits de famille » auxquels nous nous attendions un peu. 2017 a été une longue année de « luttes intestines » et d’âpres négociations qui ont conduit à un compromis que nous jugeons injuste mais acceptable.
Donc nos pins ont satisfait aux exigences de la norme mais…
Ce n’est qu’un début : le combat ne fait que commencer
Étape 0 : « MARQUE et TRIE »
Il ne s’agit pas d’imaginer que les ébénistes vont se précipiter sur nos pins pour faire des meubles Boulle avec de la marquèterie en écailles de tortue d’Hermann prélevées illégalement dans la Plaine des Maures, mais de constater que nous avons aujourd’hui dans nos forêts de pins d’Alep quelques beaux spécimens qu’il serait dommage de gâcher en les vouant à la trituration, au broyage et à la production d’énergie.
Sachons les sélectionner, bien les vendre, et faire en sorte que le bois poursuive sa vie, après avoir été scié, pendant de nombreuses années, en meubles ou en charpente.
Par la même occasion, sachons aussi sélectionner ceux de nos jeunes pins, arbres d’avenir bien droits, qui, dans 10, 20, 30 ans ou plus, feront, eux-aussi, des arbres dignes de rejoindre leurs ainés.
Marquons les pour que les bûcherons les évitent, ne les abattent pas, ne les blessent pas en débardant les plus moches, que les exploitants ne s’en emparent pas avant d’en avoir reconnu (et payé) la juste valeur, ce qui les amènera à trier et à trouver des débouchés.
Ou mieux, ne vendons pas uniquement nos coupes sur pied. Faisons comme nos cousins des régions de production forestière, ou comme nos collègues de l’ONF : exploitons nos parcelles sous notre contrôle, avec l’aide de gestionnaires professionnels si besoin (experts, coopératives, ASL…), et mettons en vente nos meilleurs pins « bord de route ».
Prenez connaissance de la grille de classement visuel simplifiée pour déterminer la meilleure destination pour vos pins, qu’ils soient encore sur pied ou déjà abattus en grumes en cliquant ici.
Étape 1 : il nous faut retrouver le chemin de la sylviculture
Cette balle est dans notre camp : produire du pin d’Alep de qualité bois d’œuvre implique de mener en 80 ans environ des arbres d’au moins 35 à 45 centimètres de diamètre.
Nous devons cesser de regarder pousser nos pins et céder sans discernement aux sirènes d’exploitants trop contents de se limiter sans trier aux débouchés industriels du moment. Être sylviculteur, c’est se comporter en vrai forestier et respecter des itinéraires sylvicoles qui impliquent des travaux (dépressage, élagage, éclaircies…) qui seuls, permettent, bien sûr sur le long terme, de mieux valoriser notre patrimoine.
- Dépressage : intervenir quand le peuplement a entre 2,5 et 3 mètres de hauteur pour le ramener à 1.500 tiges par hectare, ce qui fait une distance moyenne entre les tiges de 2,5 mètres.
- Élagage : bien que les résineux aient tendance à s’auto-élaguer, l’élagage artificiel est conseillé dès que le diamètre à 1,30 mètres de hauteur du sol dépasse 10 à 12 cms. Seuls les 200 arbres objectif sont à élaguer jusqu’à 3 mètres de hauteur pour la première intervention.
- Éclaircies fortes : conseillées avec rotation de 10 à 15 ans, en prélevant de l’ordre de 30 à 40 m³ par hectare (destinés à la trituration et/ou à la co-génération.
Étape 2 : la sylviculture ne suffit pas, il faudra « dérouiller » l’aval de la filière
Il ne suffit pas que les propriétaires forestiers, devenus sylviculteurs, produisent des beaux pins dignes du bois d’œuvre.
- Il faudra que les exploitants (acheteurs et négociants)
- fassent le tri pour préserver les arbres d’avenir
- payent les arbres aux justes prix (notez le pluriel)
- trouvent des débouchés ⇒ scieurs
- Il faudra que les scieurs (première transformation)
- décident (acceptent) d’en scier
- soient rassurés sur la disponibilité d’une ressource de qualité
- trouvent des débouchés (en volume et en prix) ⇒ il faudra susciter la demande du marché
- et investissent pour être présents et compétitifs
- Il faudra surtout que le marché (deuxième transformation, menuisiers, charpentiers, prescripteurs, architectes et clients finals) en demande
Il faut donc que ça se sache ⇒ COMMUNICATION
Pour en savoir plus sur le Pin d’Alep
Un récent ouvrage de base incontournable : Le pin d’Alep en France, 17 fiches pour connaître et gérer, sous la coordination de Bernard Prévosto, éditions Quae, 2013.
Découvrez le pin d’Alep, avant qu’il ne brûle ou ne soit abattu prématurément en suivant le parcours botanique proposé par Étienne Aspord en cliquant ici (vidéo sur youtube, extrait de la série « Botanique en Provence »)
- Bâtir demain avec le pin d’Alep
Compte-rendu de la journée du 12 juillet 2019 dans le salon d’honneur du Conseil Régional à Marseille :cliquez ici
Téléchargement du Recueil d’utilisations du pin d’Alep dans la construction et le mobilier : cliquez ici
- Le bleuissement du bois des résineux
Oui, les résineux ont tendance à bleuir. Mais si vous voulez savoir pourquoi l’opinion habituelle qui tend à déprécier le bois bleui est erronée prenez connaissance du rapport rédigé par la Commission d’études des ennemis des arbres, des bois abattus et des bois mis en réserve (Ministère de l’Agriculture) en cliquanr ici.
- Assemblée Générale 2011 de Fransylva 13 à Vauvenargues : le prix de mon arbre
Visualisez le reportage de France 3 régions du 30 juin 2011 sur la valorisation du pin d’Alep en cliquant ici (vidéo sur youtube)
Téléchargez le dossier Faut-il réhabiliter le pin d’Alep ? document présenté à Vauvenargues le 2 avril 2011, 6 pages)